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Under the Silver Lake de David Robert Mitchell : L.A. stone
- Éric Vernay
- 2018-07-12
Que cache la surface glamour de la Cité des Anges ? Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Hollywood… Ce thème rebattu nourrit à lui seul un pan décisif du cinéma américain, devenu un genre un soi : le polar à/sur Los Angeles qui, du Grand Sommeil de Howard Hawks (1947) au Inherent Vice de Paul Thomas Anderson (2015) en passant par le Mulholland Drive de David Lynch (2001), ne compte plus les classiques. David Robert Mitchell en reprend la sainte trinité : une enquête nébuleuse, un antihéros sous influence et une femme fatale.
Obsédé par la disparition de sa séduisante voisine, Sam, 33 ans, se lance dans un jeu de piste au péril insoupçonné. Avec son tee-shirt, son jean et ses Converse, l’apprenti Sherlock serait donc la version 2018 du Philip Marlowe de Raymond Chandler, autrefois campé par le flegmatique Humphrey Bogart. Andrew Garfield reprend le flambeau sur un mode plus juvénile, burlesque et dégingandé, dans un Los Angeles saturé de signes et de faux-semblants. David Robert Mitchell évite l’hommage faisandé en injectant une salvatrice dose d’humour stoner à son néo-noir et en faisant de son encombrant héritage cinématographique le socle à double fond de sa narration : tandis que Sam cherche à démêler une machination criminelle en gobant des space cakes, en se rinçant l’œil avec un drone ou en plissant les yeux devant ses boîtes de céréales, le spectateur décrypte les clins d’œil cinéphiliques et autres fantômes nichés dans chaque centimètre de pellicule. Un trip ludique, à la fois pop et spectral.
: « Under the Silver Lake »
de David Robert Mitchell
Le Pacte (2 h 19)
Sortie le 8 août