- GEn.A
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u.r. trax, DJ
- Quentin Grosset
- 2021-05-25
Cette jeune prodige de la techno nous parle de son parcours.
GEn.A : c’est la génération engagée qui invente le monde d’après. Chaque semaine, Trois Couleurs part à sa rencontre pour tirer le portrait de jeunes artistes résistant.e.s, passionnant.e.s, exalté.e.s. Cette semaine, on parle avec u.r.trax, DJ de 18 ans.
« Ma vision de la fête est éminemment politique. Le DJ, c’est l’émulsifiant d’un agrégat de personnes qui se retrouvent dans un autre monde, qui célèbrent une marginalité commune. »
Prodige de la techno née du côté de Mantes-La-Jolie, la DJ et productrice u.r.trax a passé son adolescence entre deux vies apparemment opposées. Celle d’élève dans un lycée catho du 16ème arrondissement, où elle a eu son bac à 15 ans, et celle de passionnée fervente des cultures electro, plutôt celles qui se revendiquent weird et clandestines, et qui proclament que la nuit peut tout reconfigurer.
Avant que la fête s’éteigne avec les confinements, elle a eu le temps d’imprimer son style emporté et intimiste dans les soirées les plus intéressantes de Paris : Dehors Brut, Possession, La Toilette, les derniers moments de la Concrète, où elle s’est vite imposée comme la nouvelle surdouée des platines.
Si bien qu’Hector Oaks, figure de la scène race berlinoise, lui a carrément proposé de lui consacrer une sous-section de son label KAOS. Avec pas mal de profondeur, sa dernière sortie, l’EP Moral Crisis (dispo sur Spotify, vinyle en précommande), vise à traduire un sentiment de désorientation propre à sa génération. Alors que sortira cet été son deuxième EP, pour lequel elle a produit, écrit et réalisé un clip, on n’attend plus que cette nouvelle icône nous montre la voie, dès lors que la nuit reprendra.
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Lire l'articleLE DECLIC : « Avant tout, comprendre le monde autour de moi et essayer de m’en faire témoin. Aussi, à travers ma musique et tout l’univers qui en découle, essayer de dompter une certaine hypersensibilité, de la capturer. J’ai une approche très personnelle et intime de la production artistique. En revanche, ma vision de la fête est éminemment politique (d’autant plus en cette période de fortes restrictions). À mon sens, le DJ, c’est l’émulsifiant d’un agrégat de personnes qui se retrouvent dans un au-delà, un autre monde, qui refusent le “vrai monde” et célèbrent une marginalité commune. »
LE FILM QUI L’INSPIRE : « L’Enfer de Henri-George Clouzot. Même si le film demeure inachevé, il a eu un impact retentissant pour moi car c’est en regardant ses images que j’ai eu l’un de mes plus gros déclics. Le mystère, la bizarrerie dans le regard de Romy Schneider, l’expérience des images... dans tout ça, je vois une traduction visuelle de mon univers musical. »