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« True Detective »: une saison 3 en grande forme
- Grégory Ledergue
- 2019-03-05
Après des déconvenues et quatre ans de pause, le mètre étalon du polar télé de la dernière décennie revient en grande forme, porté par l’acteur oscarisé de Moonlight, Mahershala Ali. Finis l’arrière-plan urbain, la patine néonoir et les égarements narratifs de la saison 2, étrillée en son temps: le scénariste Nic Pizzolatto remise au placard les postures pour revenir aux fondamentaux de True Detective, largement copiés depuis (de Sharp Objects à La isla mínima). Puisque c’est le principe de cette anthologie criminelle, on repart de zéro – nouvelle intrigue, nouvelle distribution, nouveau décor –, mais avec cette fois comme un air de déjà-vu. Difficile de ne pas songer à la saison 1 devant cette affaire de meurtre et d’enlèvement d’enfants dans l’Amérique profonde (les Ozarks), les multiples temporalités (1980, 1990 et 2015) et le duo de flics à la chevelure plus ou moins fournie selon l’époque (Mahershala Ali et Stephen Dorff). Mais loin d’être un remake des aventures de l’intarissable Rust Cohle joué par Matthew McConaughey en 2014, cette saison 3 dépouillée démontre que Pizzolatto, aussi vite descendu en flammes qu’il avait été porté aux nues par la critique, n’est pas une arnaque. Ici épaulé par l’excellent réalisateur Jeremy Saulnier (Green Room), l’auteur déroule une intrigue plus sophistiquée que jamais (sur la fin, le narrateur Hays est atteint par la maladie d’Alzheimer, ce qui rend ses souvenirs contestables) avec une sobriété insoupçonnée. Mieux, il s’efface derrière sa star. À raison: Ali est trois fois étincelant en flic d’abord fougueux, puis rongé par le doute, et enfin, totalement paumé avec l’âge. Un spectacle à lui tout seul.
ET AUSSI…
WANDERLUST (à revoir) Pour relancer sa sexualité en berne, un couple de quinquas londoniens décide d’un commun accord de s’autoriser à aller voir ailleurs… Plutôt que le vaudeville, le dramaturge britannique Nick Payne opte dans sa première série pour une étude de caractère sensible et intelligente qui fait la part belle à ses acteurs, Toni Collette en tête. Aguicheur. Saison 1 sur Netflix.
THANKSGIVING (à voir)
Le numéro deux d’une entreprise, recruté par la concurrence, décide de trahir son employeur… L’occasion, pour Nicolas Saada, de décliner en mode corporate toute la grammaire parano des films d’espionnage qu’il affectionne, avec rendez-vous secrets et filatures. Une minisérie un peu froide, mais d’une élégance vénéneuse. Intégrale sur Arte en février.
DEADWOOD (à prévoir)
C’était devenu un running gag : à chaque année, sa rumeur d’une réunion du casting pour le fameux téléfilm de conclusion de la saga western de David Milch promis en 2006 par HBO. Il aura fallu attendre treize ans mais ça y est: des images du tournage ont fuité. Al Swearengen (Ian McShane) et compagnie seront bientôt de retour. Enfin ! En 2019 sur OCS R.