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TROISCOULEURS x mk2 Curiosity : Les curiosités de la rédac

  • TROISCOULEURS
  • 2023-09-08

À l’occasion du numéro 200 de TROISCOULEURS, les journalistes de la rédac se dévoilent (un peu) en choisissant leurs films préférés parmi le catalogue de la plateforme mk2 Curiosity.

Cet article fait partie du dossier « C’était mieux après », publié dans le °200 de TROISCOULEURS. Retrouvez tous les autres articles ici.

LA SÉLECTION DE CHLOÉ BLANCKAERT

Et la femme créa Hollywood de Clara et Julia Kuperberg (2016)

La découverte de ce documentaire a fait l’effet d’une bombe dans ma cinéphilie, me révélant des noms de réalisatrices pionnières de l’histoire du cinéma dont je n’avais encore jamais entendu parler : Alice Guy, Mary Pickford, Lois Weber, Dorothy Arzner… pour n’en citer que quelques-unes. En moins d’une heure, les sœurs Kuperberg nous révèlent tout de l’évolution de la place des femmes à Hollywood, et c’est fascinant !

Suspense de Lois Weber (1913)

Une femme est seule chez elle avec son bébé ; un vagabond s’introduit chez elle ; elle tente de prévenir son mari quand l’intrus coupe la ligne téléphonique… L’histoire est simple, mais Lois Weber multiplie les idées de mise en scène avec une inventivité folle et dessine les prémices des thrillers et films policiers qu’on connaît aujourd’hui, imaginant même le tout premier split screen de l’histoire du cinéma !

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Plaisir d’amour de Nelly Kaplan (1991)

Passionnée par la pièce Dom Juan de Molière depuis mes années lycée, le visionnage de ce film a été pour moi un délice. Avec son impertinence habituelle, Nelly Kaplan renverse le mythe de l’« épouseur à toutes mains » et livre une farce jouissive teintée de vengeance, portée par les interprétations fabuleuses de Dominique Blanc et Françoise Fabian.

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LA SÉLECTION DE TIMÉ ZOPPÉ

Fish Tank d’Andrea Arnold (2009)

Je venais d’entrer dans l’âge adulte quand j’ai découvert cette bombe lâchée par la cinéaste britannique (instantanément devenue une de mes cinéastes préférées). Son héroïne de 15 ans, qui se libère de son foyer déglingue grâce au hip-hop, n’avait pourtant rien à voir avec ma vie, mais l’énergie furieuse mêlée d’empathie et de confiance en la jeunesse déployées par Andrea Arnold m’ont percutée – elle a refait le coup avec American Honey en 2017.

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Canine de Yórgos Lánthimos (2009)

La même année que Fish Tank sortait le premier long métrage de Yórgos Lánthimos, une curiosité : dans une villa perdue en Grèce, un couple élève ses enfants adultes dans un isolement absolu, en leur inculquant des valeurs et un langage ne correspondant à aucune norme. Magnétique, bizarre, bousculant, le film incarne le concept de queer et ce qu’il révèle : les codes sociaux sont des constructions, bien souvent arbitraires voire absurdes.

La Pianiste de Michael Haneke (2001)

Un été, en pleine nuit, à la télé, je suis tombée sur le film le plus sulfureux de Michael Haneke. Isabelle Huppert joue une prof de piano dans une relation très cringe avec sa mère ultrapossessive (Annie Girardot) et entame une relation SM avec un élève BCBG (Benoît Magimel). La Pianiste détricote la violence et les rapports de force avec un sens de l’outrance et de la théâtralité capable de faire encaisser les scènes les plus choquantes.

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LA SÉLECTION DE LÉA ANDRÉ-SARREAU

Elle et lui de Leo McCarey (1957)

Sur l’étagère DVD de mes parents, la jaquette du film de Leo McCarey me fait de l’œil : Cary Grant et Deborah Kerr s’y étreignent en haut de l’Empire State Building. Lui est un play-boy bronzé, elle, une ex-chanteuse de cabaret. Sur un paquebot de croisière, le réalisateur filme leur coup de foudre avec la grâce décalée d’une screwball comedy. C’est cabotin et sophistiqué, enivrant comme une bulle de champagne – avant que s’engouffre un drame déchirant. Un grand mélo sur la perte et la résilience, les souvenirs heureux qui survivent au temps qui passe.

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Betty de Claude Chabrol (1992)

Claude Chabrol feat. Georges Simenon : le crossover me fait l’effet d’un choc, quand je vois le film à l’adolescence. Mi-terrifiée, mi-fascinée, je découvre l’errance embrumée d’une héroïne qui traîne de bar en bar pour noyer son passé. Qui est cette mère indigne, adultère, chassée par sa famille étriquée et bourgeoise ? Chabrol filme son désespoir comme un long coma éthylique, met à l’épreuve nos sens, maltraite notre morale. Et offre à Marie Trintignant son plus grand rôle.

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Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ōshima (1960) 

Pendant que les enfants terribles de la Nouvelle Vague française descendent dans les rues filmer la jeunesse, une révolution cinématographique a lieu au Japon, amorcée par ce film fou de Nagisa Ōshima. On y suit le destin tragique de petites frappes qui rackettent des automobilistes et font l’amour pour déranger l’ordre établi. Chez Ōshima, l’érotisme devient un outil d’anarchie, la révolution politique advient par la rencontre des épidermes. Jean-Luc Godard lui a tout piqué.

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LA SÉLECTION DE JULIETTE REITZER

La Cérémonie de Claude Chabrol (1995)

J’ai découvert ce film sur un CD-ROM pirate que mon père m’avait envoyé par la poste – suivant ce rituel plus ou moins légal, il avait constitué pour l’ado que j’étais une impressionnante filmothèque. Je l’adore pour tout – ce duo légendaire d’actrices enragées (Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire), cette façon si crue et si fine d’aborder le fait divers et la violence de classe, et pour la mise en scène foudroyante de Claude Chabrol.

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Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964)

Un regard caméra derrière un voile de tulle, des chandails ouatés, les chouchous satinés dans les cheveux blonds et lisses de Catherine Deneuve : une jeune fille insouciante et amoureuse. La puissance tragique des dialogues entièrement chantés et l’irruption froide du réel, la guerre d’Algérie qui ravage les âmes et les serments amoureux. Les renoncements de la vie d’adulte. Que c’est beau ! J’avais filé acheter l’affiche dans une boutique des Halles et l’avait patafixée sur le mur de mon studio d’étudiante.

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Sans toit ni loi d’Agnès Varda (1985)

L’arrogance et l’irréductibilité de Mona (Sandrine Bonnaire encore) sont fascinantes, même si elles mènent à sa mort, dans un fossé. Le corps est découvert au début du film, qui tente ensuite de comprendre, dans un puzzle de flash-backs, le périple morne et grandiose de la jeune fille, fauchée, affamée, frigorifiée, mais vaillante jusqu’à l’invraisemblable. Agnès Varda, armée de son attention aux choses minuscules et de son humanisme, glane les témoignages de ceux qui ont croisé la route de la jeune vagabonde, parfois leurs remords. L’un de mes films préférés.

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LA SÉLECTION DE JOSÉPHINE LEROY

When You’re Strange de Tom DiCillo (2010)

Ado, j’étais folle de Jim Morrison, ses danses de serpent, ses paroles cryptiques (dont je cherchais la traduction sur lacoccinelle.net). Je me suis naturellement ruée sur ce docu consacré aux Doors. Tandis que les images d’archives défilaient, j’étais transportée dans l’Amérique puritaine des années 1960, et dans la tête de l’étrange énergumène que fut Morrison. Un pur plaisir de fan, qui m’a fait réécouter les Doors non-stop – et à un volume assourdissant.

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Paparazzi de Jacques Rozier (1964)

Pendant le confinement, j’avais, comme beaucoup, envie de m’évader des scènes d’intérieur répétitives. Attirée par le décor de Capri, j’ai jeté mon dévolu sur ce docu de Jacques Rozier, qui suit l’arrivée de l’équipe de tournage du Mépris, en mai 1963. Au centre, la célébrité démente de B. B., pistée par les paparazzis. À l’inverse d’une photo, rien n’est figé ici : le montage s’aligne sur le crépitement des flashs ; la narration analyse la fabrique de l’image médiatique. Captivant.

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Le Bonheur d’Agnès Varda (1965)

Découvert après la disparition de la cinéaste, ce drame sur un adultère – avec ses couleurs pop, son esthétique impressionniste, ses cuts brutaux, son thème de Mozart et ses tournesols omniprésents – a fait chez moi l’effet d’une petite bombe. Avec une audace toute vardienne, il déconstruit le modèle de la famille nucléaire, installe un climat dérangeant, menaçant, au plus fort de l’été. Les zones d'ombre du Bonheur me hantent encore.

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Varda, derniers échos

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LA SÉLECTION DE QUENTIN GROSSET

L’Amour à la mer de Guy Gilles (1966)

Le premier film de Guy Gilles est une rêverie qui sonde l’abîme séparant deux amants, un marin au sourire triste qui vient finir son service militaire à Brest et une secrétaire prise dans l’agitation de Paris. Étant né à Brest, voir la ville en 1965, qui se reconstruit encore après la guerre, est une expérience mélancolique forte. À la première vision, je cherchais tous les endroits de mon enfance : la rue de Siam, le pont de Recouvrance…

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Documenteur d’Agnès Varda (1981)

Une femme, depuis peu célibataire, et son fils errent à L.A… Le sentiment de l’exil transpire de ce film tourné à Los Angeles alors que le couple Varda/Demy traversait une crise. La ville apparaît sans glamour, en déshérence, baignée d’une lumière triste. J’avais été ému par le regard de la cinéaste sur les lieux, comme si la caméra était embuée de larmes…

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Asako I & II de Ryūsuke Hamaguchi (2019)

Entre Tokyo et Osaka, les heurts sentimentaux vécus par Asako, qui s’entiche de Ryohei, sosie parfait de son premier amour, Baku, avant de revenir avec celui-ci, puis de le regretter… Ryūsuke Hamaguchi capte à pas feutrés ce trouble irréel, créé par tout ce qui brusque le quotidien et invite à tout reconstruire.

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Vu à Venise 2023 : « Evil Does Not Exist », la sublime fable de Ryūsuke Hamaguchi

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Image de couverture : La Cérémonie de Claude Chabrol

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