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TROISCOULEURS dévoile sa nouvelle formule aux couleurs d'« Anora »

  • La rédaction
  • 2024-10-09

Le magazine fait peau neuve. Pour célébrer sa nouvelle formule - format élancé, papier glacé, visuels pop -, on a convié en couv' la jeune comédienne Mikey Madison, impressionnante dans « Anora » de Sean Baker, Palme d’Or 2024. À seulement 25 ans, l’actrice incarne le renouveau d’Hollywood, mais aussi sa facette plus cruelle, désenchantée. En + : des interviews de Coralie Fargeat, Céline Sallette, Apichatpong Weerasethakul ou encore un dossier sur les 50 ans de mk2.

L'ÉDITO DE TIMÉ ZOPPÉ, rédactrice en cheffe · Avec sa pose lascive, sur la photo de couv de notre numéro d’octobre, prise par le réalisateur Sean Baker himself, l’actrice Mikey Madison laisse croire qu’elle est passive, offerte. Il n’en est rien. Ni dans Anora, Palme d’or 2024 dans laquelle elle campe une maligne travailleuse du sexe new-yorkaise qui pêche un gros poisson – un jeune héritier russe décérébré – ni dans la manière dont elle mène sa carrière.

L’actrice de 25 ans, dont l’intelligence et la profondeur de jeu laissent bouche bée, semble avoir déjà tout compris des risques de broyage par la machine hollywoodienne. Elle a pris les rênes de son rôle pour le film de Sean Baker, contrôle son image et sa parole médiatiques, fuit les réseaux sociaux et note soigneusement sa liste de vœux dans un fichier, celle des cinéastes avec lesquels elle rêve de travailler.

Si Mikey Madison pose ainsi sur notre une, façon sainte sacrificielle d’icône religieuse, c’est que, dans Anora, la cruelle réalité rattrape son personnage. 2024 n’est plus l’époque de Pretty Woman : c’en est fini du conte de fées sur l’ascension sociale.

Même ambiance de fantasme qui vire au cauchemar, cette fois du côté de Hollywood Boulevard, dans l’autre immense film du mois (de l’année, de la décennie) : The Substance de Coralie Fargeat. La téméraire Française y fait jouer Demi Moore comme on ne l’avait jamais vue, évidée, déformée par la folie du jeunisme qu’impose la société aux corps féminins. L’esthétique d’abord racoleuse, criblée de gros plans sur le fessier ferme, la peau lisse et la bouche pulpeuse de la version rajeunie de l’héroïne (interprétée par Margaret Qualley), n’est qu’un leurre pour mieux hameçonner les spectateurs et les emmener vers la monstruosité la plus délirante et le retournement des regards le plus jouissif dans la dernière partie farcesque, révolutionnaire, inoubliable.

Quoi de mieux que ces deux films pour inaugurer notre nouvelle formule ? Si TROISCOULEURS change de corps (format plus élancé, maquette épurée, papier de meilleure qualité), c’est pour, sur le fond, encore mieux défricher des sujets de cinéma et de culture qui bousculent les représentations. Et le faire, toujours, en s’offrant totalement à notre lectorat : le magazine reste gratuit, sans impliquer de contrepartie diabolique.

AU SOMMAIRE DU N°210

EN BREF 🏃‍♀️

Queer gaze : Apichatpong Weerasethakul

Règle de 3 : Céline Sallette

Nouvelle star: Félix Kysy et Elise Levy

CINÉMA 🎥

En couverture : Anora de Sean Baker, avec Mikey Madison

Entretien : Coralie Fargeat pour The Substance

Dossier: mk2 fête ses 50 ans

CULTURE 🎨

Livres : les archives queer

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