« They say the worst is done / But I think the worst has yet to come » (« Ils disent que le pire est déjà là / Mais je pense que le pire reste à venir »), chante ainsi Natalie Mering depuis Los Angeles, d’une voix puissante, profonde, impériale, sur des orchestrations aussi transcendantes (mur du son façon Phil Spector, envolées de cordes) qu’accablantes (pesanteur de la fatalité, gravité du violoncelle). Quand Titanic Rising observait le monde sombrer, ce nouvel album célèbre la flamme (le cœur, le trésor) à préserver quand la vie moderne, la technologie, la politique ou l’angoisse du futur séparent et isolent les habitants de cette Terre.
Album de résilience ? Plutôt avertissement – « We don’t have time anymore to be afraid » (« Nous n’avons plus le temps d’avoir peur »), déclare-t-elle sur « Children of the Empire » – et invitation à trouver une issue à nos fatales destinées, d’une artiste bercée par les chants évangéliques, l’interprétation des mythes de Joseph Campbell et la folk-pop de Linda Perhacs, de Judee Sill ou des Carpenters. L’image de « cœurs s’allumant dans l’obscurité » est ici traduite par de saisissants contrastes entre les mélodies qui emportent, la richesse symphonique des arrangements, les chœurs angéliques, et la noirceur du propos. En attendant le troisième volume de la trilogie, on peut pleurer, à la fois de joie et de désespoir, avec ce nouveau classique de la folk-pop américaine.
> (Sub Pop)