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Steven Soderbergh a préparé une suite de « Sexe, Mensonges et Vidéo » pendant le confinement
- Léa André-Sarreau
- 2020-12-14
Le réalisateur envisage de tourner une suite de ce long-métrage à succès, qui mettra en scène ses deux héroïnes trente ans plus tard.
Pourquoi Sexe, Mensonges et Vidéo est-il resté dans l’histoire? Petit mémo cinéphile pour ceux qui seraient nés avant les années 1990. D’abord parce qu’avec ce premier long-métrage sulfureux sous influence lynchienne, Steven Soderbergh devenait le plus jeune cinéaste à gagner la Palme d’or à Cannes en 1989 – ainsi que le Prix d’interprétation masculine pour James Spader. Ensuite parce qu’il incarna une nouvelle génération de cinéastes indépendants américains, avides d’expérimentations et d’exercices de style radicaux, soutenus par le Festival de Sundance.
Forcément, quand on a appris que Soderbergh – qui sera également producteur de la 93e cérémonie des Oscars aux côtés de Jesse Collins et Stacey Sher, ce qui laisse promettre un show de taille – avait profité du confinement pour écrire une suite à cette comédie dramatique glaçante (une idée qu’il ressassait depuis pas mal de temps, d’après IndieWire) et qu’il comptait aussi la réaliser, on a guetté les nouvelles autour du projet. Et les voici. Dans une interview au Film Maker Magazine, le réalisateur a dévoilé que les deux actrices principales, Andie MacDowell et Laura San Giacomo, étaient partantes pour cette nouvelle aventure, qui devrait suivre les personnages des années plus tard : « Quand j’ai pensé à Sexe, Mensonges et Vidéo, j’ai réalisé que ce que je voulais voir, c’était un film sur les deux soeurs trente ans plus tard. L’une d’elles a eu un enfant qui a à peu près le même âge que celui qu’elle avait dans le film original. Andie et Laura ont toutes deux accepté de venir. »
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Rappelons que Sexe, Mensonges et Vidéo était une variation cruelle et réflexive sur les désirs refoulés et leur possibilité d’émerger via de nouveaux modes de communications. Peter Gallagher y interprète John, un avocat menant une double vie, trompant sa femme Ann (Andie MacDowell) avec Cynthia (Laura San Giacomo), la soeur de celle-ci. Jusqu’au jour où un ancien ami de John (James Spader) vient bouleverser le fonctionnement de ce trio adultérin. C’est que sa principale activité consiste à filmer des femmes, avec leur consentement, pour qu’elles témoignent librement de sexe, tout en prenant lui-même du plaisir en regardant les enregistrements sur sa télévision…
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Avec ce dispositif voyeuriste et étrangement émancipateur, Steven Soderbergh questionnait la complaisance de notre regard de spectateur, faisant de la caméra un organe sensible, capable de faire tomber les faux-semblants et de mettre à nu la parole de femmes habituées à masquer leurs pulsions. Si le film original questionnait déjà à l’époque le potentiel érotique du virtuel, imaginez les implications philosophiques d’un second opus en 2020. Steven Soderbergh risque fort de mobiliser les technologiques de notre décennie (les applis de rencontre, les écrans interposés) pour sonder sous un nouveau jour ce qui l’a toujours passionné : la facticité et le pouvoir des images, formidables outils d’imagination comme de destruction.