PETIT ÉCRAN · « Sous contrôle » : les coulisses de la diplomatie

Une humanitaire est propulsée à la tête du ministère des Affaires étrangères au moment d’une prise d’otages. Cette délicieuse comédie politique, portée par Léa Drucker, marche sur la ligne de crête de la satire sans jamais tomber dans le populisme.


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Assisterait-on au renouveau de la satire politique à la française ? Les séries Parlement (en 2020) et En place (en janvier dernier) étaient des signes ; Sous contrôle le confirme. Suivant l’exemple britannique d’Armando Iannucci, auteur des impayables The Thick of It (2005-2012) et Veep (2012-2109), le Belge Charly Delwart imagine une comédie acide sur le pouvoir parisien, son exercice et ses impasses. L’histoire est celle de Marie Tessier, brillante humanitaire à laquelle le président de la République propose un beau matin, au téléphone, de prendre la tête du ministère des Affaires étrangères. Assise par terre dans les toilettes de France Inter, la quadragénaire hyperactive accepte, sans savoir que des Français viennent d’être pris en otages au Sahel.

PETIT ÉCRAN · « The Afterparty » : caméra subjective

Voilà la néophyte jetée dans le grand bain des négociations avec les terroristes, les partenaires européens, les familles des victimes et les mystérieux bureaux de la haute administration française – les interlocuteurs les plus coriaces n’étant pas toujours ceux qu’on croit. Bien documentée, la série montre tout le ridicule des réunions au sommet organisées dans des placards, et des PowerPoint stratégiques dignes d’un enfant de CE1. Elle se joue avec malice de l’incompétence des dirigeants hexagonaux, au point que les preneurs d’otages eux-mêmes regrettent de ne pas avoir jeté leur dévolu sur des citoyens suisses, « plus fiables ». Et pourtant, jamais Charly Delwart, aidé d’Erwan Le Duc et sa réalisation nerveuse, ne s’aventure dans le dézingage populiste. C’est en partie grâce à Léa Drucker et Samir Guesmi, toujours justes dans les rôles principaux, mais aussi grâce à l’écriture délicate de personnages secondaires décalés. À l’instar d’un chauffeur de taxi groupie de Bernard Kouchner, campé par Patrick d’Assumçao, qui mériterait son propre spin-off.

Image (c) Arte