EXPO · « Shéhérazade la nuit », les affres de la fiction

La fiction peut-elle contribuer à transformer le réel ? À défaut d’offrir une réponse, cette exposition collective ouvre de nouvelles perspectives narratives.


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« Comment peut-on faire un film d’intervention sociale quand on veut filmer des histoires merveilleuses ? » s’interroge le cinéaste Miguel Gomes dans son adaptation contemporaine des Mille et Une Nuits. Six artistes internationaux – Pedro Neves Marques, Minia Biabiany, Ho Tzu Nyen, Lieko Shiga, Ana Vaz et Miguel Gomes, donc – offrent ici un semblant de réponse, preuve que le besoin de fantasmagorie est propre à toute culture et à tout contexte sociopolitique.

Miguel Gomes, crocodile dandy

Dans ces œuvres filmiques et plastiques, bien résolues à casser les normes, « une androïde activiste discute sexualité avec des plants de soja transgénique, une île vierge de toute empreinte humaine émerge de l’océan face à un territoire contaminé, des tigres-garous bondissent sur la domination coloniale, des femmes et des hommes politiques sont dotés d’empathie… ». Opposer les puissances de la fiction aux fictions du pouvoir, sans tomber dans les mailles des fake news et autres théories conspirationnistes, tel est le défi lancé aujourd’hui par ces artistes aussi enragés qu’engagés.

EXPO · Rosa Bonheur, esprit animalb1c5a0af c96e 4dde afc1 2d44585e5930 miguelgomesredemption

Les récits mythiques se confondent avec les faits historiques, tandis que la fable intemporelle s’ancre inva­riablement dans le temps présent. Chacune de ces œuvres démontre à quel point le recours aux mythes est le meilleur moyen de faire face à la réalité contemporaine, de la dédoubler et de la déconstruire, mais certainement pas de la fuir. Avec la volonté de changer le cours de l’histoire, et de faire in fine rimer fiction avec transformation et émancipation. 

> jusqu’au 8 janvier au Palais de Tokyo