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« Rue du Conservatoire » de Valérie Donzelli : en troupe

  • Quentin Grosset
  • 2024-09-06

[CRITIQUE] Invitée par le Conservatoire national d’art dramatique de Paris pour y donner une master class, Valérie Donzelli s’est retrouvée à faire un film sur la préparation du dernier spectacle de la promo 2022. Un documentaire aussi mélancolique que fougueux sur une jeunesse qui se lance.

Quand Clémence, jeune actrice du Conservatoire, confie à Valérie Donzelli qu’elle aimerait bien que celle-ci suive le dernier spectacle de sa promo, la cinéaste y décèle une angoisse qu’elle formule comme « la peur de ne plus être regardée ». Pour une jeune comédienne ou un jeune comédien, c’est cette appréhension qu’une fois l’école terminée personne ne les appelle, ne les fasse exister. La réalisatrice connaît bien ce sentiment qu’elle a autrefois vécu, elle qui a raté le concours du Conservatoire.

C’est donc pour donner de la force à ces jeunes qu’elle décide de faire ce film, sans prétention à livrer un manuel, et le regard empli de soutien et d’amour, jamais condescendant ni donneur de leçons. Cette empathie apparaît d’autant plus fortement que la réalisatrice révèle elle aussi vivre la fin de quelque chose, une séparation, un déménagement.

Elle suit la préparation de Hamlet de William Shakespeare, pièce qu’a choisie de mettre en scène Clémence pour sa dernière année à l’école, en donnant le rôle-titre à une femme. Dans une scène du film, alors que vient le moment du premier filage de la pièce, Clémence donne cette consigne à sa troupe : ne pas craindre le débordement.

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C’est précisément ce feu qui les anime qui fait plaisir à voir, qui invite le public lui-même à oser, à se risquer, à s’aventurer. Et lorsque viennent les doutes, Donzelli est toujours là pour rallumer la mèche. Comme quand Clémence laisse poindre un sentiment d’illégitimité et attribue une grande partie du mérite de ce qu’elle entreprend à son assistant à la mise en scène. « Ah bon, tu es sûre ? » lui demande la cinéaste, lui rappelant implicitement toute la valeur de ce qu’elle seule est en train d’accomplir, sans pour autant réduire l’importance du collectif derrière elle.

La peur du futur, l’incertitude ressortent évidemment des échanges entre Donzelli et les jeunes acteurs. Pour les transcender, on ne peut espérer meilleur témoin que ce film en forme de passage de relais. Car la transmission se fait douce, fantaisiste, bienveillante, et surtout pleine de promesses.

Rue du Conservatoire de Valérie Donzelli, Diaphana (1 h 20), sortie le 18 septembre

Image (c) CNSD

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