« Rue des dames » d’Ékoué et Hamé : Garance Marillier plongée dans un Paris post-Covid

[CRITIQUE] En propulsant une jeune femme enceinte dans un Paris fait de petites combines et de tension économique constante, le duo Hamé et Ékoué réussit un film noir moderne d’une poignante acuité, sublimé par la toujours épatante Garance Marillier.


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Membres du groupe de hip-hop La Rumeur, Hamé et Ékoué produisent et réalisent des films (dont Les Derniers Parisiens, 2017) qui brossent le portrait d’un Paris contemporain sous pression permanente. Ils suivent ici l’histoire de Mia (Garance Marillier, étincelante), employée d’un petit salon de manucure du Nord parisien, qui apprend qu’elle est enceinte au moment où elle plonge dans la précarité.

La jeune femme va alors monter une nébuleuse combine impliquant des clientes du salon, un riche joueur de football, de luxueuses soirées privées et un policier véreux… Les cinéastes s’emparent des codes du film noir pour les immerger dans un Paris post-Covid où les nerfs sont à vif et les inégalités sociales croissantes.

C’est ainsi une survie économique et physique aux contours paradoxaux qui se joue pour des personnages féminins devant se débrouiller seuls alors même que la ville donne l’impression trompeuse de former un réseau ouvert et solidaire. Attentif au réalisme des dialogues et des interprétations, Rue des dames expose avec talent le flux tendu d’un Paris pré-Jeux Olympiques qui constitue une inépuisable matière artistique.

Rue des dames d’Ékoué et Hamé, The Jokers (1 h 37), sortie le 13 décembre