« Que c’est amusant de fouiller dans nos archives et de retrouver cette photographie de plateau sur le tournage du film Le Bonheur. J’étais allée voir ma mère sur le plateau pendant l’été 1964, lui dire bonjour et assister à une scène. Je m’en souviens très bien car avec Jacques (Demy), nous étions venus déjeuner avec l’équipe. Jean-Claude Drouot (star de la télé avec le feuilleton Thierry la Fronde), sa femme dans la vie, Claire, ainsi que leurs jeunes enfants, Sandrine et Olivier, avaient accepté de jouer une famille de cinéma. Les thèmes du Bonheur : peut-on aimer plusieurs personnes ? est-ce que l’amour s’ajoute ? l’amour est-il naturel ? est-ce la société qui nous impose les codes de la famille ? Amoureux de sa femme, il va aimer Émilie, une autre femme très belle et désirable. Interdit aux moins de 18 ans à sa sortie en 1965 !
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Revenons à la photographie. Je voudrais parler de la « lily », cette charte colorimétrique (un panneau en bois) filmée avant chaque scène et présentant une échelle du blanc au noir à gauche et six couleurs à droite pour servir de référence pour l’étalonnage et permettre de retravailler les images après le tournage. J’ai toujours aimé les claps, qui permettent d’avoir les références de la scène, et les lilies. J’ai toujours aimé être sur les tournages et traîner avec les machinos et les électros, leur matériel : les lampes – les arcs, les pinces, les cubes, les borniols, les praticables… Ce sont eux qui mettent en place les travellings et les dollies. Leurs camions me semblaient une caverne d’Ali Baba ! Citons : « Je n’ai pas voulu faire un Monet, un Renoir, un Bonnard, mais j’ai repris la gamme chromatique : bleu, vert, jaune, violet. Avec des apports rouges, roses, oranges. C’est un choix… C’est un film simple. J’ai tenu à ce qu’il n’ait rien de trop brillant, car l’essentiel était pour moi de dégager le sentiment. »
Image (c) Ciné-Tamaris