« Revivre » de Karim Dridi : au purgatoire

[Critique] Dans un documentaire à la fois éprouvant et lumineux, Karim Dridi s’immisce avec tact dans le quotidien de deux couples de parents dont les enfants sont en attente de greffe au sein du service pédiatrique d’un hôpital de Marseille.


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On peut évacuer d’entrée un suspense qui serait malvenu : les deux enfants malades à l’écran sont aujourd’hui en parfaite santé. Ce n’est pas cette dramaturgie-là (vont-ils être sauvés ?) qui intéresse ici Karim Dridi, qui, à ses fictions (Khamsa ou Chouf), a toujours tenu à accoler un versant documentaire sur cette ville qu’il connaît bien, Marseille. En faisant presque oublier sa caméra auprès des deux couples de parents qui ont accepté d’être suivis dans l’adversité, le cinéaste se concentre sur la façon dont ils appréhendent l’attente d’avoir de bonnes nouvelles ou non concernant la guérison de leur bébé, qui a besoin d’un don d’organe.

On est saisis par leur force, leur dévouement, mais aussi impressionnés par la manière dont ils poursuivent leurs petites habitudes, continuent à être drôles ou à se chamailler pour des broutilles. C’est aussi là-dessus qu’insiste Dridi : c’est grâce à la vitalité qu’ils savent insuffler dans des pièces froides et bardées d’appareils médicaux qu’ils gardent un lien avec leur petit, immobilisé des mois dans ce service pédiatrique. Ces enfants n’étant pas en âge de communiquer avec des mots, le cinéaste s’attache surtout, toujours avec patience et douceur, à capter ce qui traverse leur regard.

Revivre de Karim Dridi, Pyramide (1h38), sortie le 28 février.