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(Ré)écouter Jean Eustache dans un document sonore rare
- Timé Zoppé
- 2020-05-14
En 1981, le réalisateur Jean Eustache (La Maman et la putain, Mes petites amoureuses) s’exprimait sur son nouveau scénario en gestation, dans un court document sonore entrecoupé de messages sur son répondeur et d’extraits de films.
C’est le site Les Inrocks qui a repéré cette pépite. En 2017, l’ancien assistant d’Eustache, Luc Béraud – que nous avions interviewé pour la sortie de son livre Au travail avec Eustache la même année – partageait ce document sonore sur le site de la Cinémathèque française.
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Après avoir décliné l’invitation par Georges Lavaudant à la Radio du festival d’Avignon, Eustache a préféré leur faire parvenir une cassette audio, enregistré depuis son appartement du XVIIe arrondissement de Paris. On l’y entend lire le début d’un nouveau script, L’Oiseau des vacances, ainsi que la note d’intention, dans laquelle il le décrit comme « un film défait ». Il en donne la définition : « Défait : Donnant à voir l’inachevé, l’infini, le manque à perte de vue. » Un détail troublant, sachant que le cinéaste s’est donné la mort quelques mois plus tard, laissant justement son film, sa vie et son œuvre défaits.
Il décrit (« met en scène », sommes-nous tentés de dire) aussi son processus d’écriture, le fait qu’il soit entrecoupé de sonneries de téléphone et de messages de femmes laissés sur son répondeur. Il convoque les souvenirs de son court métrage Une sale histoire (1977), dans lequel Michael Lonsdale raconte une histoire de voyeurisme, pour expliquer qu’il aime voir les visages des gens quand il déroule de longs récits au cinéma.
Ce qui l’entraîne sur la description d’une autre scène de L’Oiseau des vacances, dans laquelle une femme narre l’histoire d’une autre. On est étonné du point de vue adopté, soit les émotions, désirs et sentiments depuis un point de vue féminin, de la part d’un homme qui a justement passé sa passionnante carrière à les observer de l’extérieur, comme des créatures attirantes mais insondables, et à s’introspecter. Ce qui nous donne un regret supplémentaire de ne jamais pouvoir découvrir ce film.
Cliquer ici pour écouter ce document sonore de dix minutes.
Image de couverture : © DR