QUEER GUEST · Rebeka Warrior : « J’étais avec un type à l’époque. Je suis sortie du cinéma, et je l’ai largué direct »

On a demandé à des figures queer d’âges et d’horizons différents de nous parler de la première image, vue au cinéma ou à la télévision, qui a fait battre leur petit cœur queer. Cette semaine, l’icône lesbienne Rebeka Warrior, des groupes Mansfield.TYA et Sexy Sushi, fondatrice du label queer et transféministe WARRIORECORDS et qui a signé la B.O. d’ « A mon seul désir » de Lucie Borleteau (en salles le 5 avril), répond à notre question.


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QUEER GUEST est une série d’articles issue de  le cinéma LGBTQ+ raconté par la journaliste Timé Zoppé.

« Je suis une vieille personne, j’ai plus de 100 ans – non, j’ai 44 ans. Quand j’étais ado, il y avait très peu d’images auxquelles je pouvais me référer, c’était vraiment le désert lesbien. Là où j’habitais, en milieu populaire à Saint-Nazaire, il n’y avait pas de visibilité lesbienne. J’y suis plutôt arrivée par la littérature, en lisant Anaïs Nin qui avait des relations avec la meuf d’Henry Miller, elle s’appelait June Mansfield. C’est de là que vient le nom de Mansfield.TYA.

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Au cinéma, il n’y avait rien à se mettre sous la dent, à part Gazon Maudit. Je suis pas contre, mais disons qu’on ne peut pas appeler ça du cinéma d’art et d’essai ! Le premier film qui a réveillé mon sentiment lesbien, c’était The Incredibly True Adventure of Two Girls in Love [de Maria Maggenti, sorti en 1995, ndlr], avec dedans une actrice qui a joué après dans la série The L Word [Laurel Holloman, ndlr]. Je l’ai découvert assez tard. A 18 ans, je me suis cassée de Saint-Nazaire pour faire des études à Nantes, qui était un poil plus grand. Il y avait un cinéma, un truc pour les étudiants à genre 10 francs la séance, que dalle. J’y allais tout le temps.

Un jour, je devais avoir 19 ans, je suis tombée là-dessus, je sais pas si c’était dans un festival queer – on était quand même loin des queer palms. Je ne l’ai pas revu depuis. Dans ma tête, c’était une histoire à l’eau de rose, un peu fleur-bleue, avec des goudous dans une relation interraciale, donc il y avait quand même des trucs intéressants à prendre. J’étais depuis deux ans avec un type à l’époque, je me souviens que je suis sortie du cinéma, et je l’ai largué direct. Je me suis dit : « En fait, j’y avais juste pas pensé ». Une fois qu’on m’a dit que c’était possible, c’était clair : « Bah oui, voilà, c’est ça qu’il me faut ! » Ce film m’a complètement retourné le ciboulot.

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Ensuite, quand j’étais aux Beaux-Arts, j’ai essayé de creuser un peu pour trouver des trucs plus pointus. Avec Mansfield.TYA on a fait un ciné-concert sur Un chant d’amour de Jean Genet [court métrage réalisé en 1950, ndlr], sur la relation de deux types en prison. Il y a surtout eu des représentations pédées, avec beaucoup de Pasolini, de Fassbinder… Mais je manquais de visibilités, de représentations, d’icônes lesbiennes. Alors je me suis dit : « J’ai qu’à le faire moi-même ! » Et j’ai fait Sexy Sushi. J’ai aussi monté le groupe pour draguer. Je voulais serrer des meufs, je savais pas où aller… voilà, c’était le but n°1 du groupe. 

A mon seul désir de Lucie Borleteau, en salles le 5 avril, B.O

Split d’Iris Brey, diffusion sur France.tv Slash, B.O coécrite avec Maud Geffray, et Prix de la meilleure musique au Festival Série Mania.

Les Reines du drame d’Alexis Langlois, prochainement en salles (Le pitch made in Rebeka Warrior : « L’histoire de deux meufs qui se rencontrent à genre une Star’ac. Il y en a une keupon, c’est moi qui écris ses morceaux, et l’autre plus pop qui gagne le télécrochet, c’est Yelle qui fait ses titres. »)

Image (c) Nadine Fraczkowski

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