- Critique
- Article
- 3 min
« Priscilla » de Sofia Coppola : la Queen derrière le King
- Sarah JeanJeau
- 2023-12-08
[CRITIQUE] Peu de temps après “Elvis” (2022), le rutilant biopic du King réalisé par Baz Luhrmann, Sofia Coppola braque les projecteurs sur son ex-épouse, Priscilla, trop longtemps restée dans l’ombre surplombante de la star.
Quand elle rencontre Elvis Presley, Priscilla (formidable Cailee Spaeny, couronnée du Prix d’interprétation à la Mostra de Venise) n’a que 14 ans. Lui, déjà mondialement célèbre, en a dix de plus. Qu’à cela ne tienne, le rockeur (bluffant Jacob Elordi, révélé dans la série Euphoria) tombe fou amoureux de l’adolescente, qu’il surnomme « my little one ».
Pas question cependant pour Sofia Coppola de glorifier cette relation, construite sur un déséquilibre manifeste que le temps ne fera qu’amplifier. Ce qui commence comme un conte de fées ne tarde pas à prendre les allures d’une prison dorée dont Elvis se fait l’imprévisible gardien. C’est que le King, tantôt aimant, tantôt distant, régente le moindre aspect de la vie de Priscilla, qu’il façonne selon sa conception (aujourd’hui dépassée, mais alors terriblement dans son temps) de la compagne modèle.
En véritable héroïne « coppolienne » (dans le sillage des sœurs Lisbon de Virgin Suicides et de la Marie-Antoinette campée par Kirsten Dunst), Priscilla mène une existence régie par l’ennui, teintée d’une mélancolie lancinante qui détonne avec l’aura kitsch de l’imposant domaine de Graceland. Jusqu’à ce que la jeune fille, devenue femme, prenne conscience qu’il est plus que temps de se construire une vie à elle.
Priscilla de Sofia Coppola, ARP Sélection (1h50), sortie le 3 janvier.