Lia (sobre et juste Claudia Gusmano), la prima donna du titre (soit le premier rôle à l’opéra, mais aussi littéralement la première femme), 17 ans, dit non à Lorenzo, fils d’un ponte de la mafia locale. Ce dernier débarque alors avec ses petits camarades chez les parents de la jeune femme, l’enlève et la séquestre. Peut-on tolérer un tel archaïsme ? Les frustes ont la loi de leur côté : jusqu’en 1981, le « mariage réparateur » imposait aux Italiennes d’épouser leur agresseur… blanchissant alors ce dernier.
Si les premières minutes de Primadonna flottent un peu, laissant redouter un film dossier (inspiré du combat, réel, de Franca Viola), le premier long de Marta Savina impressionne ensuite par sa liberté et sa modernité. Le film se déroule en 1965, en Sicile, mais, grâce à quelques tours de passe-passe visuels et sonores, il pourrait être situé n’importe où et à n’importe quelle époque.
La réalisatrice filme une lutte contre les convenances et ses hésitations, un procès épineux, un curé pernicieux et une attaque de coq, mais aussi la mise au ban de toute une famille par un village. Et surtout des instants solaires : un « Je te crois » du père, ou le magnétisme d’une scène sur la plage, la nuit.
Primadonna de Marta Savina, Destiny Films (1h40), sortie le 17 janvier.