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PORTFOLIO · Romy Schneider en lumière
- Raphaëlle Simon
- 2022-03-15
Quarante ans après sa disparition, Romy Schneider fascine toujours. À travers des extraits de films, des photos soigneusement choisies, des archives rares, une exposition à la Cinémathèque revient sur le parcours de l’immense actrice qui, à travers ses rôles inoubliables, de « Sissi » aux films de Claude Sautet en passant par « La Piscine », est devenue l’icône du cinéma français des années 1970.
« Je suis tombée sur une émission de radio où on entendait quatre mecs disserter sur sa vie, ses drames, ses névroses, et ça m’a mise en colère. Avec cette exposition, j’ai voulu déconstruire le mythe de l’actrice tourmentée et sombre qui l’entoure depuis de sa fin tragique [à l’âge de 43 ans, ndlr] en lui redonnant la parole à elle », nous confie la commissaire de l’exposition, Clémentine Deroudille. Elle commente pour nous cinq photos qui montrent l’actrice telle qu’elle était vraiment, libre, épanouie et joyeuse, et qui lui rendent toute sa lumière.
1. Romy Schneider, Marguerite Duras et Melína Mercoúri sur le tournage de 10h.30 du soir en été de Jules Dassin (1965)
« Romy rencontre Marguerite Duras sur ce film de Jules Dassin adapté d’un de ses romans. C’est un moment charnière pour l’actrice. Elle veut casser son image de poupée de porcelaine, qui la suit depuis ses débuts à 15 ans avec Sissi, en allant vers un cinéma plus intellectuel, plus Nouvelle Vague : elle va faire L’Enfer avec Clouzot, tourner dans le premier film d’Alain Cavalier, elle va aussi partir à Hollywood et tourner avec Orson Welles… Elle fera un autre film avec Duras juste après, La Voleuse de Jean Chapot, sa première rencontre avec Michel Piccoli devant la caméra… On voit aussi que Romy adorait rire, picoler, faire la fête. Elle avait vraiment l’esprit de troupe ! »
© Roger Viollet Images
2. Romy Schneider photographiée par Will McBride (1964)
« En me plongeant dans son iconographie, j’ai réalisé à quel point Romy était libre avec son corps, elle reste très sauvage et naturelle avec l’appareil photo. C’est l’une des femmes les plus photographiées de son temps, et le fait de s’amuser comme ça avec l’appareil, c’est une façon pour elle de reprendre le pouvoir. Dès cette époque – elle a seulement 25 ans, c’est juste après sa rupture avec Alain Delon –, elle n’est déjà pas ce que le photographe attend d’elle. »
© Shawn McBride
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Lire l'article3. Romy Schneider et Andrzej Żuławski sur le tournage de L’important c’est d’aimer d’Andrzej Żuławski (1975)
« Dans l’expo, il y a beaucoup de photos de Romy avec ses réalisateurs. Elle était très impliquée sur les tournages, sa vie c’était les plateaux de cinéma, elle portait les câbles avec les techniciens… Et elle se donnait entièrement aux réalisateurs, mais elle attendait qu’ils s’impliquent complètement aussi. À cette époque, c’est une immense star et elle accepte de baisser son cachet pour tourner avec Żuławski, un jeune réalisateur inconnu. Le tournage s’est mal passé, elle ne s’est pas sentie traitée d’égal à égal, et puis le rôle était dur. Elle a sauté sans filet comme d’habitude et elle s’est un peu fait mal cette fois-ci. Mais il y a eu aussi des moments de joie sur le tournage, et puis elle a eu le César de la meilleure actrice avec ce rôle, pour la toute première édition, en 1976. »
© Magnum Photo
PORTFOLIO - Mode et cinéma
Lire l'article4. Romy Schneider et sa fille Sarah Biasini (1981)
« Ses enfants étaient tout pour elle. David, son fils aîné, l’accompagnait sur tous les plateaux. Sarah est arrivée quelques années plus tard, après une fausse couche. C’était le bonheur absolu. David et Sarah s’entendaient très bien. À l’époque de cette photo, Romy traverse une série de grands drames, qui s’achève avec la mort par accident de David quelques mois plus tard et dont elle ne se remettra pas. Mais cette photo, c’est un moment de répit, un moment de grande joie au milieu de tout ça. »
© Archiv Robert Lebeck
5. Romy Schneider sur le tournage de La Califfa d’Alberto Bevilacqua (1970)
« J’adore cette photo. Elle termine l’expo et elle la résume merveilleusement. Romy a un côté cow-boy et, pour moi, c’est tout elle. Bien sûr, elle est partie beaucoup trop tôt, mais elle a brûlé sa vie, elle n’en a pas perdu une miette. Depuis sa fin tragique, on a une image d’elle à l’opposé de ce qu’elle était, quelqu’un de fondamentalement joyeux. J’avais envie de finir avec ce pied de nez, qu’on se dise : “Quelle femme ! Allons boire un verre à sa gloire !” ».
© Bridgeman Images
PORTFOLIO : Derek Jarman, plasticien
Lire l'article« Exposition Romy Schneider », du 16 mars au 31 juillet à la Cinémathèque française
Image d'ouverture : Romy Schneider par Sam Lévin, circa, 1960 © Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais