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PORTFOLIO: Marie Losier, portraits de famille

  • Josephine Leroy
  • 2019-11-18

Parmi la riche sélection du festival Côté Court, qui se déroule en ligne jusqu’au 22 juin et diffuse jusqu’à cette date des courts et moyens métrages gratuitement, on trouve le génial Felix in Wonderland! de Marie Losier, dont on vous parlait ici mais aussi le court Which is Witch ? Tous deux seront visibles dès dimanche à cette adresse et à celle-ci. L’occasion, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, de découvrir l’univers fantasque de la cinéaste. En attendant, on vous propose de parcourir le portfolio que nous lui avions consacré l’année dernière. 

 


Trois catcheuses blondes en combis moulantes posant fièrement sur un ring ; une créature mythologique attirant lumières et couleurs au cœur de la nuit lisboète… Depuis le début des années 2000, la cinéaste (Cassandro the Exotico!, 2018) et artiste franco-américaine Marie Losier tire des portraits poétiques d’amis venus de la scène expérimentale, du cinéma underground, du night-clubbing queer ou encore du sport, en Europe, aux États-Unis ou au Mexique.

À l’occasion de la rétrospective de ses films au Jeu de Paume, et avant l’exposition de ses travaux à la galerie Anne Barrault, on a voulu revenir à la source d’amitiés fondatrices à travers, notamment, des photogrammes de ses films documentaires et des Polaroid issus de sa collection personnelle, révélateurs de l’esprit camp et de l’esthétique flamboyante de son cinéma. Vêtue de son tablier vichy rouge et blanc, et affairée à fabriquer des gâteaux en silicone pour son exposition, elle nous a accueillies dans son atelier, niché dans les allées de la résidence d’artistes Villa Belleville, pour évoquer la fascinante galaxie Losier.

(c) Marie Losier

Mike Kuchar

photogramme du film Bird, Bath and Beyond (2004)

« En 2003, je suis allée au Millennium Film Workshop était projectionniste là-bas. Avec sa barbe à la Moïse, il mangeait un énorme pot de glace. J’ai éclaté de rire en le voyant et on s’est mis à discuter. Avec son frère, George, ils m’ont appris tout un langage cinématographique ; qu’il fallait tourner tout le temps, même sans moyen. Pour lui, tout est expression artistique. Il a notamment fait des dessins homoérotiques incroyables et a inspiré de grands cinéastes camp, dont John Waters. »

(c) Bernard Yenelouis

Genesis P-Orridge

photographie de tournage du film The Ballad of Genesis and Lady Jaye (2011)

« J’ai rencontré Genesis P-Orridge. Là, on avait fabriqué pour Genesis un costume en aluminium avec un tutu sur la tête. Ça me rappelle les photos de films hollywoodiens que je chopais dans les marchés aux puces gamine. Finalement, j’ai fait mon Hollywood underground! »

(c) Marie Losier

Alan Vega

photogramme du film Alan Vega. Just a Million  Dreams (2014)

« J’ai connu Alan Vega en même temps que Genesis, dans une petite salle de concert new-yorkaise que j’adore. Sa performance était intense, habitée. Je l’ai revu alors que je tournais un film. Il était très faible à l’époque, c’étaient les deux dernières années de sa vie. On s’est vus chez lui, on a parlé de sa passion pour la boxe, le dessin, et j’ai voulu faire son portrait. Il me lisait des poèmes pendant que ses chaussettes tournaient dans sa machine à laver. J’ai trouvé ça génial. Les lieux du quotidien sont devenus des décors de jeu. »

(c) Marie Losier

Les sœurs Morenas

photogramme du film Bim, Bam, Boom. Las Luchas Morenas (2014)

« Je tournais Cassandro the Exotico! quand Cassandro m’a parlé de ces trois sœurs catcheuses qui vivaient dans la banlieue de Mexico, un lieu ultra dangereux, au point que les sœurs Morenas payaient un mec pour que leurs enfants ne soient pas kidnappés ! Elles étaient d’abord réticentes, mais elles ont fini par follement s’amuser. Quand j’ai fini le film, j’ai amené un projecteur et un écran dans leur quartier. On l’a montré à toutes les filles du coin. Elles ont repassé le film au moins dix fois. C’était magnifique. »

(c) Lucya Gerhart

Fernando

photographie de tournage du film L’Oiseau de la nuit (2016)

« Je venais d’arriver de New York, je connaissais mal l’Europe m’a emmenée dans l’extraordinaire Finalmente Club de Lisbonne, qui organise des shows de drag-queens. J’ai été captivée par la performance de Fernando, son costume et sa tête de lion. Il m’a permis  de faire ce court poétique où il apparaît comme un personnage mythologique qui représente Lisbonne, et incarne  cet être hybride mêlant l’homme et l’animal, le masculin et le féminin. »

(c) Collection personnelle, Marie Losier

Yann Gonzalez, Jonathan Caouette et Rafael Torres / Bertrand Mandico et Marie Losier / Elina Löwensohn

« J’adore les Polaroid. Je suis très amoureuse des artistes comme Andy Warhol qui en ont fait un art. Pour moi, c’est comme des bobines de films. J’aime leurs couleurs, la matière. Les deux premiers ont été pris à un Nouvel An, avec Elina Löwensohn et Bertrand Mandico . Je les accroche tous sur un mur pour que ma grande famille d’amis veille sur moi et me protège. »

https://www.youtube.com/watch?v=sbHsGx_2d6M

: « Marie Losier. Confettis atomiques ! » jusqu’au 23 novembre au Jeu de Paume

« Marie Losier. Eat my Makeup! » du 11 janvier au 22 février à la galerie Anne Barrault

Photographie de couverture : (c) Paloma Pineda

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