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En images : Chantal Akerman à New York

  • Julien Bécourt
  • 2024-11-12

[PORTFOLIO] Elle a enfin connu la reconnaissance internationale en 2022, quand la revue britannique Sight and Sound a élu « meilleur film de tous les temps » son Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, sorti en 1975. Jusqu’au 19 janvier, une grande rétrospective Chantal Akerman se tient au Jeu de Paume. TROISCOULEURS a choisi de se pencher sur une période particulière de la vie de la cinéaste: ses séjours à New York entre 1971 et 1976.

C’est en pleine effervescence artistique du Lower East Side qu’elle se lie d’amitié avec des personnalités qui vont jouer un rôle crucial dans son existence, en particulier Babette Mangolte, qui deviendra sa chef-opératrice. Grâce à l’Anthology Film Archives, elle découvre en parallèle le cinéma expérimental de Jonas Mekas et de Michael Snow, dont les expérimentations formelles et la démarche solitaire, sans la médiation de l’industrie du cinéma, déteignent sur sa sensibilité et influencent sa propre manière de concevoir les films.

C’est la rencontre avec un monde à la fois interlope et sophistiqué, bien plus ouvert aux marges qu’à Paris. Farouchement indépendante et évoluant hors des sentiers battus, Akerman cherchera toujours à établir un lien intime entre sa vie et ses images, au risque d’être incomprise.

De fait, ce n’est qu’après son suicide, en 2015, que son cinéma sera reconnu et qu’elle deviendra une référence du cinéma d’auteur pour une nouvelle génération, réceptive à sa radicalité esthétique et à un féminisme sans dogme. Marta Ponsa, cocommissaire de l’exposition, et Céline Brouwez, coordinatrice de la Fondation Akerman, ont sélectionné et commenté conjointement cinq images qui reflètent cette période charnière de sa filmographie.

Chantal Akerman au MoMA, New York, 1976

« Cette photographie, prise par Babette Mangolte, documente la présentation du film Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles au MoMA de New York le 8 novembre 1976. Grâce à la presse de l’époque, on a pu identifier que se trouvaient dans la salle le cinéaste Jonas Mekas et la critique de cinéma Amy Taubin, qui ont ensuite débattu du film par articles interposés. »

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La Chambre, 1972 (11 min)

« Je respire, mais bien couchée dans mon lit. »

« Cette image de la cinéaste allongée dans son lit en train de croquer une pomme est issue de son film La Chambre. Tourné dans son appartement à Spring Street dans le Soho de New York, ce court métrage présente le mouvement continu et tournant de la caméra dans la pièce, en boucle, et qui change tout à coup de sens et rompt le rythme. L’idée de ce film lui est venue après avoir découvert La Région centrale de Michael Snow (1971), film dans lequel la caméra balaie à 360 degrés la toundra canadienne. Un geste expérimental autour de la lumière et de l’attention portée aux petits gestes. »

Hanging Out Yonkers, 1973 (27 min, inachevé)

« À son arrivée à New York, Chantal Akerman rencontre Babette Mangolte, chef-opératrice, et Myra Alfreds, directrice d’un centre de réhabilitation et de réinsertion de jeunes toxicomanes situé à Yonkers, ville de 200 000 habitants dans l’État de New York, juste au nord du Bronx. Cette dernière lui propose de réaliser un film sur la vie au centre et les activités proposées. Akerman passe du temps avec les jeunes, avec lesquels elle a un très bon contact, et les encourage à poursuivre le programme du centre. Cette photographie a été prise pendant le tournage du film et présente deux des adolescentes qui fréquentent le centre. Le film restera inachevé, mais des rushs sont projetés dans l’exposition. »

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News from Home, 1977 (1 h 29)

« De retour en Europe, Akerman revient sur son séjour à New York avec News from Home, un film dans lequel elle lit en voix off les lettres que sa mère lui a écrites entre 1971 et 1973. La caméra parcourt la métropole, ses rues, les quais et rames du métro, suivant des silhouettes multiples, des visages. Les plans d’extérieur ont été pris lors de balades en voiture avec une économie de moyens. Cette image, issue du film, dessine un moment de joie, de liberté et de transgression nocturne dans les rues de la ville. Chantal Akerman confiera que ce séjour new-yorkais fut une période fantastique de sa vie. »

Hôtel Monterey, 1973 (1 h 03)

« Je respire, je suis vraiment une cinéaste. »

« Au croisement de Broadway et de la 94e rue à New York était situé l’hôtel Monterey, un hébergement pour personnes défavorisées ouvert jour et nuit. À travers de longs plans-séquences, dès la porte vitrée, en traversant le hall avec ses lampes faiblardes et le sol en losanges blanc et noir, jusqu’aux chambres qui hébergent les clients, on voyage à l’intérieur de ce vieil hôtel en déclin. Akerman y vécut trois semaines avant de tourner le film. »

Image © Fondation Chantal Akerman, Bruxelles – collection Cinematek

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