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Un podcast pour l’après-midi : Mati Diop et Marie Darrieussecq évoquent ensemble la puissance poétique de la mer sur France Culture

  • Emilio Meslet
  • 2019-10-07

À l’occasion de la sortie d’Atlantique, France Culture avait organisé une interview croisée passionnante entre la réalisatrice Mati Diop et l’autrice Marie Darrieussecq, dans laquelle il est question de la mer et des imaginaires souvent tragiques qu’elle convoque. 

Quand on lui demande ce qu’il y a d’elle dans son film Atlantique, Mati Diop semble embarrassée. Mais la cinéaste finit quand même par répondre, pudiquement : « J’ai peut-être utilisé mon premier long-métrage comme rite initiatique, un rite de passage entre un état et un autre. C’était une manière de vivre par procuration une adolescence africaine, sénégalaise, dakaroise que je n’ai pas vécue. » La réalisatrice, lauréate du Grand Prix au dernier festival de Cannes, était il y a six mois l’invitée de la matinale de France Culture. En quarante minutes d’interview, elle a été rejointe à mi-chemin par Marie Darrieussecq, autrice de l’ouvrage La mer à l’envers (paru aux éditions P.O.L).

Mati Diop a donc pu revenir, en profondeur, sur la genèse d’Atlantique. La cinéaste, qui a grandi à Paris, confie qu’elle a tenu à ce que ses personnages parlent le wolof, qu’elle même ne parle pas. Et s’en explique : « C’est une langue qui ne m’a pas été transmise enfant mais que j’ai toujours entendue chez moi. C’est le troisième film que je tourne à Dakar en wolof sans la parler. Après tout, c’est mon problème si je ne la parle pas mais c’est la langue avec laquelle mes personnages doivent absolument s’exprimer. C’était une évidence absolue d’être au plus près de leur humanité et de l’imaginaire. »

S’en suit un dialogue entre deux artistes (Mati Diop et Marie Darrieussecq), dont le film et le roman ont beaucoup de points communs, à commencer par celui de la mer, le large et leur poésie mais aussi l’Afrique et les migrations. « Je ne voulais pas écrire le roman de la bonne âme qui recueille son migrant mais rendre compte de ce qui nous arrive. Il n’y a pas que leur destin à eux, souvent tragique, il y a notre destin à nous et on est embarqué sur la même planète. C’était extrêmement difficile à faire en fait », explique Marie Darrieussecq.

L’autrice confie d’ailleurs s’être inspirée de Mille Soleils (2015), moyen-métrage réalisé par Mati Diop, pour écrire son roman dans lequel Rose, avec ses enfants, embarque sur un bateau de croisière qui recueille des migrants en mer. « Ce film m’a convaincu que pour s’emparer de ce sujet et en dire quelque chose de pertinent, il fallait mettre la barre très haut . C’est un très beau film élégiaque d’amour. Et je crois qu’il faut une ligne claire comme ça pour porter cette migration de masse. Il faut s’intéresser aux individus, aux destins singuliers. »

Pour écouter le podcast, c’est par ici : 

 

Image: Copyright Ad Vitam 

 

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