L’émission « Le Réveil culturel » revient sur l’étonnante carrière de l’acteur au regard désabusé, avec le journaliste Yal Sadat, auteur de l’essai biographique Bill Murray: commencez sans moi.
La carrière de Bill Murray s’est fondée sur un paradoxe qui est développé tout au long de ce podcast passionnant : le fait d’être acteur alors qu’on ne parvient pas à se plier au système capitaliste de la profession. Entre débuts à l’émission d’humour Saturday Night Live, exil existentialiste à Paris et naissance d’un acteur iconique, Yal Sadat et Tewfik Hakem nous permettent de revenir sur la vie de celui qui aura réussi à faire de cet anticonformisme légendaire sa signature.
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D’après Yal Sadat, Bill Murray dénotait déjà par rapport aux autres humoristes lors de ses apparitions au Saturday Night Live, émission américaine bien connue, « impertinente et satirique » , en déployant une « force comique étonnante ». Si ce programme du soir lui permet de faire ses armes, Murray révélera tout son talent au cinéma. Sa marque de fabrique d’après Yal Sadat ? « Une sorte de distance ironique à la caméra, celle d’un acteur qui ne prend pas son métier au sérieux (…) Une virgule d’ironie au coin des lèvres » .
Ce détachement apparent ne lui permettra cependant pas toujours de supporter la pression hollywoodienne. Lorsqu’il mise tout sur un rôle à contre-emploi dans un film qui lui permettrait de s’illustrer en tant qu’acteur de films d’auteur à la fin des années 80, à savoir Fil du rasoir (1984), ce projet fait un four complet, et c’est son rôle dans Ghostbusters qui, la même année, lui apporte la consécration. Loin d’être heureux de ce succès, l’acteur se sent enfermé dans une image d’acteur grand public qui ne lui convient pas. Tiraillé entre ses désirs et ceux des grandes maisons de production, Bill Murray s’exile à Paris. Une « fuite en avant » d’après Yal Sadat qui lui permet de disparaître radars. « Il s’inscrit même à la Sorbonne, suit des cours de philosophie, fréquente beaucoup la Cinémathèque », précise le journaliste et auteur. Avant de revenir aux États-Unis pour jouer dans des films faits sur mesure (Broken Flowers de Jim Jarmusch, Lost in Translation de Sofia Coppola…).
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C’est peut-être parce qu’il n’a jamais caché ses fêlures que l’acteur, considéré comme l’un des plus cool du monde, attire d’emblée la sympathie et inspire autant Internet. On pense à la flopée de mèmes créés par des internautes réutilisant son image de dandy nonchalant, mais aussi à ce qu’on a pris coutume d’appeler les « Bill Murray Stories », ces témoignages d’anonymes qui s’émerveillent d’avoir rencontré Murray dans des contextes banals (à vélo, dans un bar, un supermarché ou dans la rue en tenue de pompier – lire à ce sujet l’article du NME). Pour ce qui nous concerne, on espère croiser l’acteur dès la réouverture des bars.
Pour écouter le podcast, c’est par ici.
Par Cameron Guyot