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À voir sur les plateformes : le deuil poignant d’un ado, une grande cavale, une série qui fait scandale
- Lily Bloom
- 2023-06-13
Cette semaine, notre sélection plateformes rime avec passion. On y retrouve Christophe Honoré, Kelly Reichardt, Sam Levinson ou encore David Cronenberg.
Le Lycéen de Christophe Honoré (2022)
Christophe Honoré nous invite dans l’intimité de son adolescence chaotique, à son point de déchirure, et nous livre peut-être son film le plus incandescent. Retour sur un chagrin inconsolé, récit d’émancipation fiévreux, Le Lycéen nous donne la clé secrète de sa filmographie tout entière. Vincent Lacoste, Juliette Binoche et le jeune Paul Kircher y forment un trio étourdissant. Et l’apparition de Christophe Honoré, qui rejoue les derniers instants de son père, vous arrache les derniers sanglots enfouis de votre adolescence.
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River of Grass de Kelly Reichardt (1994)
Cozy, une femme en rupture, révoltée par son destin monotone, rêve de devenir danseuse. Dans un bar, elle rencontre un voyou au chômage. Les deux partent en cavale à travers une Amérique pauvre et inquiétante. Tout ce que l’on aime dans le cinéma de Kelly Reichardt était là, dans ce premier film remarquable : son sens du détail, ses cadrages maniaques, cette capacité à saisir « l’autre Amérique », rugueuse, triste.
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The Idol de Sam Levinson (série, 2023)
C’est la série qu’il faut voir, ne serait-ce que pour se faire un avis. Sulfureuse ou scandaleusement rétrograde ? Bizarrement un peu des deux. Si la satire sur les coulisses du show-biz et des stars jetables hyper sexualisées tient la route, les scènes de sexe entre la pop star paumée et son toxic boy friend lassent, voire embarrassent, même si l’alchimie entre Lily-Rose Depp et The Weeknd fonctionne à plein régime. Ce faux biopic de Britney Spears fait beaucoup de clins d’œil au cinéma de Paul Verhoeven, et il flotte d’épisode en épisode un air de déjà-vu.
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Les Crimes du futur de David Cronenberg (2021)
Saul (Viggo Mortensen), un artiste célèbre, met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde, avec la complicité de sa partenaire, Caprice (Léa Seydoux). Mais une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes (Kristen Stewart) s’intéresse à leurs pratiques… Pour ce film crépusculaire, le maître est allé puiser son inspiration dans ses fondamentaux de jeunesse : son obsession pour le body horror qu’il élève ici au rang de manifeste de cinéma. Follement élégant.
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J’ai tué ma mère de Xavier Dolan (2009)
En 2009, Xavier Dolan, 20 ans, débarquait avec ce premier film bavard et follement prometteur. Mi-amusés, mi-vigilants, les critiques avaient accueilli le petit prodige avec une joie non dissimulée. Tout y était, les envolées lyriques, la férocité, mais aussi un œil aiguisé sur l’époque, la question de l’identité, de la culpabilité et la nécessité absolue de s’émanciper. Le réalisateur de vingt ans révélait déjà un sens de la mise en scène, un goût pour la complexité et l’hybridation bravache impressionnants.
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Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson (2021)
Le titre (« pizza à la réglisse » en français) donne le ton de cette comédie romantique déconcertante. Paul Thomas Anderson signe un film bizarre et délicieux, comme une fugue en adolescence après l’intense et grave Phantom Thread. Un chassé-croisé amoureux vintage entre deux jeunes qui trimballent leur mélancolie dans les rues de Los Angeles. Sur le papier, rien de fou, alors que chaque instant de ce film est sidérant de beauté. C’est un film dont on tombe amoureux malgré soi, insaisissable et follement libre.