Marc Martin est habitué à jouer malicieusement sur les codes de la masculinité dans son travail de photographe – on peut citer ses derniers livres, le sensible Beau Menteur, où les facettes de la virilité paraissaient inépuisables, voire réinventées, ou encore le fascinant Les Tasses, dans lequel il revenait avec une grande sensibilité sur l’histoire occultée du cruising gay dans les toilettes publiques.
Son premier court métrage, Mon CRS, attendu dans les mois prochains, devrait encore se jouer des injonctions liées aux genres puisqu’il racontera l’histoire d’amour entre un CRS (le fascinant Mathis Chevalier, qui vient de l’univers très viriliste de la boxe MMA, et s’impose ici tout en douceur) et une jeune chanteuse trans (magnétique Othmane).
Le clip est un flamboyant aperçu du court-métrage. Othmane reprend le titre d’Annie Cordy (idole de Marc Martin depuis son enfance et à laquelle il adresse un hommage à la fois espiègle et politique) sur une scène de cabaret dans une atmosphère r’n’b veloutée, langoureuse. On pense au clip Pass This On de The Knife, dans lequel une chanteuse trans envoûtait aussi un public straight, et même au titre Sex Appeal de Sexy Sushi, dans lequel le blason d’une policière s’effritait dans une moiteur joyeuse et lascive. On y retrouve tout ce qu’on aime dans le travail de Marc Martin – l’intensité, l’intimisme, le mystère, les jeux délurés avec l’histoire des luttes queer et aussi les clichés qu’on aime voir se craqueler.