« Je voulais faire deux films en un et j’avais peur que la greffe ne prenne pas », nous dit-il. Elle prend pourtant à merveille. Mêlant aux émeutes de 2005 un récit initiatique teinté de fantastique et d’horreur autour d’une bande de gamins et de la légende urbaine de Paupaul, « fou des quartiers riches qui viole les jeunes qui passent par les bois, surtout les rebeus et les renois », dixit un personnage du film, TNT déploie avec une grande intelligence une réflexion sur la naissance et l’origine de la peur et sur « la violence de la sortie de l’enfance » pour les enfants racisés confrontés très jeunes aux violences policières, rendues ici à l’état de grand méchant loup.
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Dans ce film d’inspiration autobiographique, Olivier Bayu Gandrille, né à Singapour et débarqué à 13 ans, en 2005, à Cergy, tord le cou au paradigme d’une violence intrinsèque dans un récit d’aventure rappelant Stand by Me de Rob Reiner et le cinéma de Steven Spielberg. Cinéphile chevronné depuis qu’enfant son loueur de DVD lui légua tout son stock, lui permettant de construire « les premières pistes de [sa] cinéphilie » à base de cinémas japonais et coréen, Olivier suivra de longues et prestigieuses études (lettres, histoire de l’art, philo), fera d’ailleurs un tout aussi prestigieux stage à la rédac de notre magazine en 2015, avant de s’atteler à l’écriture de ses propres films. Son prochain projet, qui est un long métrage, devrait épouser les couleurs de A Brighter Summer Day d’Edward Yang, son film d’enfance préféré : « Un film choral avec des enfants au début des années 2000. » À suivre de très près.
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS