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NOUVELLE STAR · Mathieu Morel : « Mes films sont une fête foraine »

  • Quentin Grosset
  • 2024-06-10

Il fait des films extrêmes avec beaucoup d’amour qui composent le « Rabbit Hole », son monde féerique, écorché et frontalement pédé. Dans son sublime conte noir « Anapidae (appelle-moi) », une araignée tisse une toile de fantômes et d’endeuillés – pas un piège, mais un refuge.

C’est un cinéaste à vif, un garçon qui aime que ce soit fort. Êtes-vous prêt à supporter sa vérité ? Si oui, suivez le lapin blanc, il vous emmènera dans son pays des merveilles freak. Un gouffre dans lequel il jette tous ses deuils, ses blessures, la violence du monde, et les enchante par une pulsion de vie outrageante, un débordement de joie créatrice, un rire infernal.

Mathieu Morel a grandi à Écrosnes, une commune du Centre. « Je suis un garçon de village, et mes films sont une fête foraine », proclame le trentenaire. Vers 15 ans, inquiet à l’idée de perdre les idées qui l’animent une fois l’adolescence passée, il dessine un cercle avec les personnages qui seront plus tard dans Aussi fort que tu peux, Cum In My Heart…, Love et ex mortuus, etc.

Mais, pour rejoindre ce « Rabbit Hole » aux facettes dark rose, il faut partir. En intérim dans une usine qu’il déteste, il se casse à Paris, recueilli par ses bonnes fées : son amoureux, le cinéaste Léolo, et Nicole Brenez. La professeure de cinéma montre ses films à La Fémis – certains étudiants quittent la salle, effarouchés. Trop abrupt, trop radical – trop pédé ?

Sans concession, Mathieu Morel célèbre la sexualité gay avec frénésie. Vengeur masqué, il figure l’isolement social, la misère affective, la lutte des classes, avec une rage toujours transformatrice. Dans Anapidae (appelle-moi), il crée un cocon en invoquant ses morts – dans ses courts, débarrassés des injonctions, les défunts sont souvent ceux qui vivent le plus pleinement. Quel autre film donne envie de traîner dans les cimetières pour y cueillir des fleurs ?

Anapidae (appelle-moi), en compétition Moyens Métrages, au Champs-Elysées Film Festival, du 18 au 25 juin

Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS

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