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NOUVELLE STAR · Marine Atlan : « C’est important de renouveler les formes »
- Marilou Duponchel
- 2023-10-05
C'est la jeune chef-opératrice que le cinéma d'auteur indé français s'arrache (« Le Ravissement » d’Iris Kaltenbäck ; « Chambre 999 » de Lubna Playoust). Marine Atlan prépare aussi son premier long en tant que réalisatrice, sur une classe d’ados
Quand on arrive au rendez-vous, notre photographe est déjà en place pour tirer le portrait de Marine Atlan, tranquille mais peu à l’aise avec l’exercice. D’habitude, c’est elle qui est de l’autre côté de l’objectif.
À 33 ans, elle a signé la photographie de certains des plus beaux premiers films vus ces dernières années : Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, 2019 ; Nos cérémonies de Simon Rieth, 2023 ; Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck (en salles le 11 octobre) ; trois films qui donnent à voir ce « plaisir de la couleur » qui fait en partie son style. « C’est important pour moi de faire des films avec des cinéastes de ma génération pour repenser la manière dont on les fabrique, pour réfléchir à une logique d’horizontalité sur un plateau, mais aussi pour renouveler les formes. »
Une volonté de changement qu’elle a vu s’opérer cet été sur le plateau du très attendu Les Reines du drame d’Alexis Langlois. Mais Marine Atlan est aussi cinéaste. Rien de surprenant, pour cette passionnée de photographie, à ce que ses deux courts, les sublimes Les Amours vertes (Grand Prix à Clermont en 2016) et Daniel fait face (multirécompensé en 2019), mettent en lumière des personnages d’enfants voyeurs et amoureux. Elle prépare actuellement son premier long, La gradiva, coécrit avec Anne Brouillet, film qu’elle dit avoir « trouvé » en « assumant le mélodrame » façon Douglas Sirk.
Inconditionnelle de Maurice Pialat, de Jacques Rozier, d’Alfred Hitchcock et de Brian De Palma, Marine Atlan annonce qu’il y sera à nouveau question de « fantasmes », de déterminisme social et de secret de famille, comme un écho à l’une de ses préoccupations premières : faire du cinéma pour lever l’opacité du monde.
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS