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NOUVELLE STAR · Paloma Sermon-Daï redonne de l'énergie au cinéma social belge
- David Ezan
- 2024-04-03
Réenchanter le cinéma social, c’est ni plus ni moins la prouesse de Paloma Sermon-Daï avec « Il pleut dans la maison ». Résultat d’un alliage irrésistible entre coming-of-age et fin portrait sociologique, entre fiction et documentaire, entre un frère et une sœur, cet ovni venu de Belgique méritait bien qu’on rencontre sa réalisatrice.
C’est plein d’admiration qu’on s’entretient avec la cinéaste depuis Bruxelles, où elle vit en bordure de forêt. Née « dans une famille éloignée du cinéma » en Wallonie, la tout juste trentenaire, qui se dit volontiers timide et solitaire, grandit dans un village et prend très tôt le bus pour se rendre à des projections. Avant de s’exiler dans la capitale belge, pour suivre des études de cinéma à la Haute école libre de Bruxelles : « Quand j’ai quitté mon village, j’étais amère. Et puis à Bruxelles, j’étais finalement nostalgique ; mes contacts avec les gens n’étaient pas les mêmes ici. »
De retour pour son film de fin d’études, Paloma Sermon-Daï y noue un lien très fort avec un cousin éloigné : « Celui qui avait le plus envie d’être filmé, c’était Makenzy. J’ai découvert un gamin qui n’avait pas d’activité extrascolaire et qui était ravi de cet engagement régulier. » Elle resserre alors le film (baptisé Makenzy) autour du garçon aux airs de P’tit Quinquin, qu’on voit batifoler avec sa demi-sœur Purdey. Lorsque Paloma Sermon-Daï s’attèle plus tard à l’écriture d’Il pleut dans la maison, ses producteurs reconnaissent étrangement Makenzy et Purdey dans cette fratrie solidaire – et solaire – malgré les coups durs.
S’engage alors un processus nourri par leur spontanéité : « On croit que c’est improvisé, mais on a travaillé en amont ; je leur donnais des pistes, ils improvisaient puis j’affinais les dialogues », précise-t-elle. Forte d’une vérité documentaire qu’elle creuse à même la fiction, on ne s’étonne pas qu’elle cite d’emblée Kelly Reichardt et Harmony Korine comme références. Ni qu’Emmanuel Marre (Rien à foutre) figure à son générique, tant ils partagent une urgence qui revivifie le cinéma social. Un « vent de fraîcheur » pas près de s’atténuer, si l’on en croit le prochain projet de Paloma ; une histoire de « maman influenceuse » qu’elle écrit entre deux balades avec ses chiens. Et dont le sujet ultra contemporain nous fait déjà saliver...
« Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï : chronique d'un été
Lire la critique: « Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï, Condor (1 h 22), sortie le 3 avril