Article réalisé en partenariat avec Nanarland et mk2 Institut.
Précisons que le terme « nanar » ne désigne pas de purs navets ennuyeux ou des films qui jouent sur le second degré. Il couronne des œuvres sincères mais tellement ratées qu’elles en sont devenues des expériences hilarantes et inoubliables (pour qui les a vues). Scénario invraisemblable, mise en scène approximative, comédiens maladroits, effets spéciaux naïfs… Le véritable nanar est une perle aussi rare que précieuse qui n’a ni genre, ni règle, ni logique économique. Il peut être un film d’action, un film d’auteur, une comédie musicale, une création à petit ou à gros budget. Sa seule constante est d’être involontairement raté et, de ce fait, drôle malgré lui. Au-delà de ça, il se niche dans toutes les époques et dans toutes les cinématographies.
En nous faisant voyager dans le monde et dans le temps, le nanar devient aussi un objet sociologique qui reflète, par ses outrances ou sa naïveté, les rêves, les peurs et les clichés de son époque. Place de la femme, regard sur l’autre, évolution des mœurs… Autant de miroirs grossissants qui, à la manière de démonstrations par l’absurde, permettent de mieux comprendre le passé et par conséquent notre présent.
C’est cet univers que nous vous proposons de découvrir à travers un cycle de six nanars que nous souhaitions ardemment rediffuser. La première salve de trois titres nous promènera aux quatre coins de la planète. Grâce à Black Ninja de Godfrey Ho, nous découvrirons la rencontre de choc entre un acteur-réalisateur camerounais en quête de notoriété et des producteurs roublards hongkongais qui inondaient les salles de quartier et les vidéo-clubs de films de ninjas low cost.
Avec Vivre pour survivre de Jean-Marie Pallardy, nous irons en Turquie sur les traces d’un diamant de plus de mille carats pourchassé par une bande d’aventuriers interprétés par des figures du cinéma d’exploitation américain. Ce film a été produit, écrit et dirigé par un réalisateur français au style unique et à la morale… singulière.
Karaté contre mafia nous emmènera sur les îles Canaries pour un film de tatane espagnol que son réalisateur essaye désespérément de faire passer pour une production chinoise… ou japonaise, on ne sait plus trop. Lui non plus d’ailleurs : Ramón Saldías n’avait vu qu’un seul film asiatique avant de se décréter expert en films « de karaté à la Bruce Lee ».
Il s’agit ici de découvrir des œuvres, des cinéastes et des artistes parfois tombés dans l’oubli et de les célébrer avec humour et tendresse. En nous montrant ce qu’il ne faut absolument pas faire, leur travail nous élève : il nous éclaire sur la difficulté absolue de réaliser un bon film et affûte notre regard de spectateur. Il nous rappelle enfin que tous les films ont une histoire et que, dans le nanar, elles sont passionnantes, rocambolesques et à peine croyables.
« Voyage en cinéphilie. » Le cinéma-club de Nanarland, le 14 septembre, le 5 octobre et le 30 novembre au mk2 Bibliothèque, à 12 h
− 26 ans : 8,90 € | étudiant, apprenti, demandeur d’emploi : 11,90 € | porteur carte UGC/mk2 illimité : 3 € | tarif normal : 15,90 €
Illustration : Grégory Lê