M comme Médias
« J’ai grandi dans les années 1980. “Les médias”, cela a d’abord été pour moi une expérience de jeune public, entre les émissions de télévision que j’avais le droit de regarder (Vitamine, Club Dorothée, Animalia) ou qui m’étaient interdites (Les enfants du rock), les magazines que je lisais pour m’évader, comprendre le monde (de J’aime lire à Terre sauvage). Devenue étudiante, j’ai découvert que les médias avaient une histoire et que leur étude était non seulement légitime, mais nécessaire pour qui voulait comprendre la construction des imaginaires sociaux passés et présents. En d’autres termes : faire une histoire sociale des représentations. Au milieu des années 1990, c’était un champ de recherche en pleine expansion, défriché par des pionniers. Avec d’autres, je me suis engouffrée dedans, pleine d’enthousiasme. J’en suis toujours là ! »
P comme Polarisation du débat
« La polarisation mine notre débat public et médiatique. Ce phénomène consiste à trancher des positions en concentrant l’attention sur un noyau de convictions communes et en réduisant ainsi les nuances, la complexité et la diversité des cadrages d’une question. Parfaitement moulée dans l’économie médiatique des médias sociaux, mais également des chaînes d’information en continu, la polarisation est une réorganisation simplificatrice des termes du débat d’autant plus dangereuse qu’elle intervient dans un contexte de perte de repères, de brouillage du sens des mots et d’un recul de l’autorité des faits présentés de manière non faussée. Or, cette vérité factuelle et le débat contradictoire sont indispensables pour construire une réelle démocratie d’opinion. Au niveau individuel, il est difficile de ne pas subir cet effet de polarisation. »
mk2 Institut – Une soirée avec Étienne Ollion
P (encore) comme Populisme médiatique
« Ayant fait une thèse sur les faits divers à la télévision, j’ai étudié la médiatisation des discours sécuritaires et la résurgence d’un populisme pénal au début des années 2000. Je ne pensais pas retrouver les traces de ce populisme en m’intéressant au programme de divertissement Touche pas à mon poste. La grille d’analyse est pourtant la bonne pour comprendre comment un talk-show “ordinarise” l’opposition “essentialisante” entre un peuple idéalisé et une élite forcément corrompue. Au populisme pénal visant les institutions judiciaires s’ajoutent deux autres thématiques récurrentes du discours hanounesque : l’anti-intellectualisme et l’antiparlementarisme. Le populisme n’est donc pas qu’un style, c’est aussi un travail sur le fond, sur des thèmes. En cela, TPMP est une émission qui ne parle pas seulement de politique, mais qui en fait. »
mk2 Institut – Une soirée avec Yascha Mounk
Claire Sécail, Touche pas à mon peuple, (Seuil, 84 p., 5,9 €)
Une rencontre avec l’autrice modérée par le journaliste et essayiste Jean-Marie Durand (Philosophie Magazine), aura lieu le 25 janvier, au mk2 Bibliothèque, à 20h.
Photo (c) Manon Jalibert