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Camille Froidevaux-Metterie : « J’aimerais contribuer à mettre fin à l’âgisme systémique typique de notre société patriarcale »

  • Marguerite Patoir-Thery
  • 2023-09-18

Chaque mois, une personnalité invitée par mk2 Institut choisit trois mots permettant de découvrir son travail, sa pensée et son univers. Reçue à l’occasion de la parution de son nouveau livre, « Un si gros ventre » (Stock), la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, qui place la question du corps féminin au cœur de sa réflexion, s’est prêtée à l’exercice.

C POUR CORPS

« Longtemps déconsidéré dans l’histoire de la philosophie, oublié après la seconde vague féministe, le corps des femmes est désormais un objet de pensée et de nouveau le socle de nos luttes. Il est au cœur de mon travail qui s’inscrit dans la perspective du féminisme phénoménologique fondé par Simone de Beauvoir. Il s’agit de penser le corps des femmes comme le lieu de toutes les injonctions et violences, mais aussi comme le vecteur d’une réappropriation et d’une libération possibles. Comment faire pour que nos corps-objets deviennent des corps-sujets ? Cela passe par le repérage des mécanismes qui assignent les femmes à leurs fonctions corporelles, notamment sexuelle et maternelle, et par la revendication de la liberté de nos choix quant à ce que nous faisons des dimensions incarnées de nos vies. »

Claire Marin : « Être soi est toujours un travail. On ne se vit pas soi-même dans la facilité »

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C POUR CINQUANTAINE

« C’est l’âge de la vie où je me trouve, un âge synonyme pour les femmes de péremption. Ce n’est pas tant la disqualification esthétique qui vaut exclusion du marché amoureux et sexuel que la disqualification sociale qui frappe celles dont on estime qu’elles n’ont plus ni utilité ni compétences (quand les hommes quinquagénaires bénéficient, eux, d’un surcroît de considération). J’aimerais contribuer à mettre fin à l’âgisme systémique typique de notre société patriarcale pour que les femmes de plus de 50 ans demeurent les sujets qu’elles sont, que ce soit dans le domaine professionnel ou dans la vie intime. Outre qu’elles perdent leur désirabilité pour cause de rides et de cheveux blancs, elles se voient surtout dénier leur capacité désirante. Pourquoi les femmes vieillissantes devraient-elles cesser de faire l’amour et de jouir ? »

R POUR ROMAN

« Il ne se passe pas un jour sans que je lise un roman, mais j’ai toujours pensé que ce registre n’était pas le mien. Au moment de la conception de mon essai Un corps à soi, j’ai eu l’envie d’écrire des textes de fiction ouvrant les chapitres consacrés aux diverses thématiques corporelles de la vie des femmes que j’explorais. J’ai finalement assumé mon désir de littérature et ouvert un espace propre à ces personnages. Dans Pleine et douce, je fais entendre la voix de douze femmes gravitant autour d’un bébé fille, Ève, née par P.M.A. Chacune, y compris le nourrisson, s’exprime à la première personne, comme je le fais moi-même dans mes essais. Dire “je”, ce n’est pas seulement s’affirmer comme sujet, c’est aussi donner de la valeur aux expériences vécues par les femmes, y compris les plus intimes, pour qu’elles deviennent politiques. »

« Camille Froidevaux-Metterie. La grossesse, une expérience intime et politique. »

Rencontre modérée par la journaliste Cécile Daumas (Libération), suivie d’une signature le 28 septembre, au mk2 Bibliothèque, à 20 h

tarif : 15 € | étudiant, demandeur d’emploi, porteur carte UGC/mk2 illimité : 9 € | − 26 ans : 5,90 € | séance avec livre : 19,90 € • Un si gros ventre de Camille Froidevaux-Metterie (Stock, 240 p., 19,90 €)

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