mk2 Curiosity / Le cinéma en version très originale
Ang Lee, Taïwanais de naissance et Américain d’adoption, s’attaque dans son premier long métrage à des thématiques qu’il connaît mieux que quiconque : la difficile intégration d’un étranger aux États-Unis, et la complexité des relations père-fils – le père d’Ang Lee, directeur d’école, voulait absolument que son fils devienne professeur.
Il s’agit du premier volet de la trilogie d’Ang Lee “Father Knows Best” (“Papa a raison”) – complétée par Garçon d’honneur en 1993 et Sucré, Salé en 1994 – axée sur la fracture entre tradition et modernité au sein de la société taïwanaise. Dans Pushing Hands – du nom d’une technique de tai-chi censée développer l’équilibre et la maîtrise de soi – cette tension est symbolisée par l’opposition entre M. Chu, professeur de tai-chi retraité, et Martha, jeune écrivaine américaine imprégnée des valeurs occidentales modernes.
Après avoir obtenu son diplôme aux États-Unis, Ang Lee reste au chômage pendant six longues années, freiné par une maîtrise bancale de l’anglais qui l’empêche de présenter ses scénarios comme il le souhaiterait. Une période pendant laquelle sa compagne Jane Lin subvient à ses besoins et à ceux de leurs deux enfants. On peut aisément établir un parallèle entre cette période creuse de la carrière du cinéaste et la construction du personnage de M. Chu, dont l’arrivée relève du fardeau pour la famille de son fils.
Ce n’est qu’en 1990, lors d’une compétition de scénario au cours de laquelle il présente Pushing Hands et Garçon d’honneur, que le cinéaste attire enfin l’attention d’un producteur novice, Hsu Li-kong, qui l’accompagnera pour toute la trilogie.
“Hi, I’m Ang Lee, and if I don’t make movies I’m going to die.” (“Bonjour, je suis Ang Lee, et si je ne fais pas de films, je vais mourir.”), lance Ang Lee à un autre producteur. Il s’agit de l’Américain James Schamus, qui vient tout juste de cofonder la société de production Good Machine dans un petit loft à Manhattan, pour faire ce qu’il appelle des “no-budget movies”. Cette phrase du cinéaste rapportée en avril 1996 par la journaliste Sarah Kerr dans un article du New York Magazine montre toute la détermination du personnage. Cette punchline a compté puisqu’elle amorce le début d’une longue relation professionnelle entre Lee et Schamus, qui produira la plupart de ses films, de Hulk (2003) à Lust Caution (2007) en passant par Brokeback Mountain (2005).
Au programme également :
Pour la sortie de son passionnant Chambre 999, présenté à au Festival de Cannes en mai dernier, rencontre avec Lubna Playoust, réalisatrice, actrice et fondatrice de mk2 Curiosity, qui nous offre cette semaine son court métrage Le Cormoran et dévoile ses films préférés de notre catalogue. Ne manquez pas non plus le film surprise : pour la sortie du film d’animation Linda veut du poulet !, on vous cuisine le volatile à une toute autre sauce.
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