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Michel Gondry : « Je veux motiver les gens à créer, à fabriquer »

  • Cécile Rosevaigue
  • 2024-09-26

[KIDS] Ava, Lisa, Billie et Milena (qui ont 7, 8, 9 et 10 ans) ont découvert le réalisateur Michel Gondry grâce à son nouveau film Maya, donne-moi un titre, qui rassemble des courts métrages d’animation qu’il a réalisés et envoyés à sa fille lorsqu’elle avait entre 3 et 9 ans. C’est par visioconférence qu’elles ont discuté avec le réalisateur, qui monte une comédie musicale à New York, de son travail et de son film qu’elles ont trouvé « trop, trop bien ».

Lisa : Combien d’histoires as-tu écrites pour Maya ? 

En six ans, j’ai dû lui en envoyer 30 ! 

Milena : Elle a de la chance, Maya ! 

Je me dis qu’en grandissant, elle sera heureuse de dire à ses amis : « Regardez, mon papa a fait ça pour moi. »

M. : Est-ce qu'à toi aussi ton papa te racontait des histoires ?

Oui, mais j’aurais aimé qu’il m’en raconte plus, c’est pour ça que je me suis lancé dans les dessins animés pour Maya. Avec mon fils, qui est beaucoup plus grand, on créait des BD : je lui proposais plusieurs suites d’une histoire.

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Ava : Comment as-tu choisi les histoires à raconter à Maya ? 

C’est elle qui était aux commandes, elle me donnait un titre qui très souvent commençait par « Maya fait … », j’inventais une histoire et je lui envoyais un petit film d’animation. C’est une idée que j’ai eue pour rester en contact avec ma fille alors que je voyageais beaucoup pour mon travail.

 

A. : Quelle est ta préférée ? 

J’aime beaucoup celle du ketchup ! 

 

A. : Moi, j’aime celle du tremblement de terre ! As-tu déjà vécu un tremblement de terre ?

Des petits, oui, à Los Angeles, et même s’ils ne durent que quelques secondes, à chaque fois je me dis : « À partir de maintenant, je ne ferai plus aucune bêtise. » Mais dès que c’est fini, je recommence ! 

L. : Pourquoi as-tu choisi de faire ton film avec des dessins en papier plutôt qu’avec un ordinateur ?

J’adore travailler avec les papiers de couleurs, c’est ma manière de m’exprimer. Je connais les ordinateurs, bien sûr, mais quand j’étais petit j’aimais beaucoup m’amuser avec des ciseaux, du papier, de la colle, des feutres.

Billie : As-tu utilisé des effets spéciaux ?

Oui, le dessin animé est un effet spécial en soi : si je veux qu’une maison brûle, par exemple, je découpe des flammes dans du papier orange et j’agite le papier, voilà, c’est un effet spécial que tu peux réaliser chez toi. 

M. : Ça donne envie d’essayer ! 

Ça me fait plaisir, parce qu’un jour j’ai réfléchi à savoir ce que j’avais comme but dans la vie : et bien je veux motiver les autres à créer, à fabriquer. Si parfois mes films ne sont pas parfaits, c’est parce que j’aime que les gens les finissent dans leur tête et se disent qu’eux aussi sont capables d’inventer des choses. 

B. : Est-ce que Maya aussi a envie de faire des films ?

Oui, on en réalise ensemble avec mon smartphone, et je suis même allé dans sa classe pour expliquer aux enfants comment faire. 

B. : As-tu voulu exprimer ton enfance dans ce film ?

Je ne raconte pas mon enfance, mais tu as raison, mes pensées sont très proches de celles des enfants, donc raconter ces histoires, c’était très naturel pour moi. Quand je parle avec Maya ou avec vous, je me sens dans mon univers. 

M. : Est-ce que Maya n’est pas jalouse que tu partages ses histoires avec d’autres enfants ? 

Je me suis demandé si ça allait l’embêter, alors je l’ai préparée à partager ces films, comme elle partagerait ses jouets avec des amis.

M. : Est-ce que tu continues à faire des films pour Maya ? 

Depuis que je les ai regroupés, j’ai du mal à reprendre et à en écrire de nouveaux, c’est peut-être le signe de la fin d’un cycle. Maintenant, j’aimerais que ce soit elle qui m’envoie des films !

A. : Est-ce que tu es connu ? 

Je suis connu des gens qui me connaissent. Dans la rue, on m’arrête une fois par mois environ. 

L. : Ah bon, mais pourquoi ils t’arrêtent ? 

Pour me parler de mes films, pas pour me mettre en prison, ne t’inquiète pas ! 

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B. : Est-ce que… Non, rien.

Si, dis-moi Billie ! C’est quoi, le premier mot de ta question ? 

B. : Est-ce que vos amis vous ont encouragé à réaliser ce film ? 

Oui, c’est une très bonne question. C’est pas facile de croire en soi, et c’est génial d’être encouragé par son entourage. Ça change tout. Pourquoi tu n’osais pas la poser ? 

B. : Je ne savais pas comment la formuler. 

C’est pour ça que je t’ai demandé le premier mot, parfois on est bloqué, c’est comme une pelote de fil dans la tête, il faut trouver le bout, on tire, et il y a tout qui vient.

Maya, donne-moi un titre de Michel Gondry, The Jokers (1 h 01), sortie le 2 octobre, dès 3 ans

PROPOS RECUEILLIS PAR AVA, LISA, BILLIE ET MILENA (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE)

Image d’illustration : Michel Gondry pour TROISCOULEURS

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