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3 questions à Michel Gondry pour « Le Livre des solutions »
- Damien Leblanc
- 2023-05-23
Avec « Le Livre des solutions », Michel Gondry fait son retour au cinéma huit ans après « Microbe et Gasoil » et raconte l’histoire d’un réalisateur (joué par Pierre Niney) qui, après avoir été désavoué par sa production, s’enfuit avec l’équipe technique pour finir son film chez sa tante dans les Cévennes. À travers cette comédie inventive et farfelue sur les affres de la création, le réalisateur d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind » semble signer son autoportrait sans faire l’impasse sur les penchants mégalomanes et colériques de son héros. Rencontre.
Avec cette histoire d’un réalisateur qui entre en conflit avec des financiers à propos du montage d’un film et qui part chercher l’inspiration dans un village des Cévennes, signez-vous un récit autobiographique ?
J’ai en effet vécu des choses à la fois difficiles et amusantes lors de la postproduction d’un film [L'Ecume des jours, sorti en 2013, ndlr] et je me suis dit que cela valait le coup de les réunir pour en faire une histoire. Beaucoup des choses qu’on voit dans le film se sont réellement passées. Je me trouvais à cette époque dans un état d’esprit assez spécial et, évidemment, les gens qui m’entouraient et qui m’ont offert leur support en ont souffert. Le Livre des solutions est aussi une manière de leur rendre hommage. Et le casting (Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Frankie Wallach, Camille Rutherford, NDLR) a généreusement accepté de rentrer dans ma tête et mes souvenirs. L’idée était de surtout de faire ressortir de toute cette expérience l’absurdité, l’humour et l’autodérision.
« Le Livre des solutions » de Michel Gondry : réalisateur au bord de la crise de nerfs
Lire la critiqueParmi les moments les plus drôles du film, il y a la mémorable scène où Pierre Niney dirige un orchestre en remuant frénétiquement l’ensemble de son corps. Vous évitez cependant les effets de caméra trop voyants alors qu’il aurait été tentant d’en mettre plein la vue avec une telle séquence.
Ce qu’il se passe dans cette scène est déjà extraordinaire en soi, au sens où ce n’est pas normal. Si en plus de ça, on fait une mise en scène qui cherche à sortir de l’ordinaire, ça ne crée pas d’accident, ça ne fait pas ressortir l’anormalité de la situation. Je préfère toujours quand les choses magiques et exceptionnelles surviennent au milieu de la normalité. Pierre Niney s’est parfaitement adapté à ce projet de mise en scène, il a compris le timing du film, le rythme comique, les sentiments du personnage. C’était un tournage merveilleux.
Après des grosses productions comme The Green Hornet (2011) ou L’Ecume des jours (2013), vous avez tourné le plus modeste Microbe et Gasoil mais n’aviez plus réalisé de film depuis 2015. Vous étiez-vous désintéressé du cinéma ?
Ah mais j’ai fait plein de choses depuis Microbe et Gasoil. J’ai écrit Le Livre des solutions, ce qui a pris du temps et j’ai écrit un autre film que je vais tourner prochainement. Et là je prépare une comédie musicale américaine au budget assez conséquent. J’ai aussi fait plein de dessins animés pour des amis et pour ma fille, j’ai fait une série avec Jim Carrey, (Kidding, NDLR). Je n’ai pas arrêté de travailler, malgré les apparences. Cedi dit, il est vrai que je regarde assez peu de films, je préfère regarder des documentaires sur des crimes. Mais j’ai récemment vu Les Banshees d'Inisherin, que j’ai adoré. Et aussi Everything Everywhere All at Once, que j’ai trouvé trop long.
Image (c) The Jokers