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« Men » : l’envoûtant cauchemar d’Alex Garland
- Damien Leblanc
- 2022-06-07
Avec ce drame fantastico-horrifique situé dans la campagne anglaise, Alex Garland réussit un sidérant cauchemar sensoriel qui donne diverses formes au traumatisme d’une héroïne aux prises avec la toxicité masculine.
Troisième long métrage réalisé par le Britannique Alex Garland après les remarqués Ex Machina et Annihilation, Men poursuit les expérimentations du cinéaste devenu expert dans l’art de mêler science-fiction, drame psychologique et propos sociétal. Se réclamant ouvertement du genre horrifique, le film suit les aventures d’Harper, une Londonienne qui, après avoir vécu un drame personnel avec son mari, part s’isoler à la campagne dans l’espoir d’y trouver de l’apaisement. Mais une étrange présence située dans les bois voisins va peu à peu traquer la jeune femme...
En habile conteur, Garland (qui a aussi écrit les scénarios de 28 jours plus tard et Sunshine de Danny Boyle) prend le temps de décrire le traumatisme de son héroïne et de mettre en place une inquiétante atmosphère intimiste pour faire ensuite éclater de perturbantes idées visuelles. Les hommes du village anglais où débarque Harper ont ainsi tous une apparence similaire et prennent les traits de Rory Kinnear (stupéfiant comédien vu dans les derniers James Bond ou dans la série Years and Years).
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Lire l'interviewRisqué sur le papier, le procédé réussit à représenter puissamment la menace incarnée par une toxicité masculine vue ici comme une globalité terrifiante et indifférenciée. Le versant fantastique dans lequel baigne le récit laisse par ailleurs planer le doute sur le fait que l'héroïne hallucine ou non et le film atteint dans sa dernière partie une imposante intensité horrifique, qui plonge pleinement dans le genre du body horror.
Le surgissement de diverses figures monstrueuses rend particulièrement palpable la sensation d’une emprise masculine sans fin et Garland renouvelle avec brio ses thèmes de prédilection comme le deuil, la renaissance ou la personnification d’une nature qui peut soudain prendre des airs cataclysmiques. Le cinéaste offre aussi un rôle en or à l’excellente Jessie Buckley (récemment vue dans The Lost Daughter), fascinante dans la peau de cette femme hantée jusqu’au bout par ses interactions cauchemardesques avec la gent masculine.
Men d'Alex Garland, Metropolitan FilmExport (1h40), sortie le 8 juin
Images (c) Metropolitan FilmExport