« Memory » de Michel Franco : retrouvailles sentimentales

[CRITIQUE] Avec ce drame sentimental exposant les retrouvailles entre deux êtres hantés par des souvenirs et des entourages traumatisants, le réalisateur Michel Franco convie Jessica Chastain et Peter Sarsgaard dans son cinéma pour atteindre une étonnante et touchante sobriété.


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Réputé pour son cinéma sulfureux et provocant, Michel Franco (Después de Lucía, Les Filles d’avril) opte ici pour un mélo à l’approche plus dépouillée qui narre les retrouvailles, à New York, de deux individus timides et traumatisés en quête de tendresse et d’empathie. Assistante sociale et ancienne alcoolique qui mène une vie bien réglée avec sa fille adolescente, Sylvia (Jessica Chastain) renoue ainsi après une réunion d’anciens élèves avec Saul (Peter Sarsgaard, Prix d’interprétation à Venise pour ce rôle), veuf atteint d’une forme de démence précoce…

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Plutôt que de chercher le choc et la sidération avec cette trame, le réalisateur fait de chaque séquence un petit théâtre inattendu, dans lequel les personnages évoluent avec une poignante retenue et une attention au moindre détail qui leur fait redécouvrir le goût du présent. Michel Franco prend son temps pour décrire comment ces deux écorchés vont se défaire de l’emprise toxique de leurs entourages familiaux, et utilise à plusieurs reprises le tube « A Whiter Shade of Pale », telle une boucle vantant les vertus de la patience. Manière sans doute pour le cinéaste de signifier qu’il est grand temps d’accepter dans nos vies l’amour et l’apaisement.

Memory de Michel Franco, Metropolitan FilmExport (1 h 40), sortie le 29 mai

Image : © Teorema