Master-class Rob Legato à la Cinémathèque : la narration des effets spéciaux

Grand créateur d’effets spéciaux ayant travaillé avec James Cameron, Robert Zemeckis ou Martin Scorsese, Rob Legato a dévoilé cette semaine ses secrets lors d’une rencontre à la Cinémathèque française. Le vendredi 6 mars, Robert Legato était invité à donner une Master class à la Cinémathèque française dans le cadre du festival Toute la mémoire du


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Grand créateur d’effets spéciaux ayant travaillé avec James Cameron, Robert Zemeckis ou Martin Scorsese, Rob Legato a dévoilé cette semaine ses secrets lors d’une rencontre à la Cinémathèque française.

Le vendredi 6 mars, Robert Legato était invité à donner une Master class à la Cinémathèque française dans le cadre du festival Toute la mémoire du monde. Célèbre superviseur d’effets spéciaux ayant reçu trois fois l’Oscar des meilleurs effets visuels (pour Titanic, Hugo Cabret et Le Livre de la jungle), « Rob » Legato a travaillé sur des films aussi différents qu’Entretien avec un vampire, Harry Potter à l’école des sorciers, Aviator, Avatar ou le récent Roi Lion. Et l’invité du soir a d’emblée placé sa démarche créative sous le signe de l’héritage cinématographique : « Je me sens héritier d’une transmission et je suis habité par le travail des grands maîtres qui m’ont précédé. » Rendant hommage aux trucages du pionnier Georges Méliès, Legato a revendiqué une approche élémentaire du métier (« ce ne sont pas les effets spéciaux qui m’intéressent en tant que tels, mais le récit et la narration ») qu’il a ensuite illustrée en citant l’influence de plusieurs cinéastes.

REMONTER DANS LE PASSÉ

Celui qui fut d’abord à la fin des années 1980 superviseur des effets spéciaux de la série Star Trek: The Next Generation a parlé de ses débuts au cinéma : « L’idée était d’être original et de ne pas penser comme les autres, ce qui signifiait remonter dans le passé. » Pour la séquence du lancement de la fusée d’Apollo 13 (Ron Howard, 1995), Rob Legato évoque ainsi contre toute attente sur une scène de billard de La Couleur de l’argent (Martin Scorsese, 1986) ; le travail de la monteuse Thelma Schoonmaker lui inspira l’ajout d’un plan qui retarde l’action et rend plus incisif le surgissement de la fumée. « Bien plus que le trucage, ce qui compte est la narration par le montage. » Legato a ensuite montré un plan des Enchaînés (Alfred Hitchcock, 1946) pour évoquer son propre travail sur Apparences (Robert Zemeckis, 2000) et rappeler que la complexité technique doit être au service du récit : « L’idée n’était pas d’imiter Hitchcock mais d’imaginer ce qu’il aurait fait avec nos outils modernes. » La séquence où Michelle Pfeiffer s’enfuie de la maison fut projetée. « La voiture est entièrement en images de synthèse et les plans sont pensés de manière à ce qu’on passe de l’extérieur du véhicule à l’intérieur. Un opérateur sait que ces images ne peuvent exister dans la réalité mais l’important avec l’image de synthèse est qu’elle paraisse naturelle au public. »

NOURRIR LE RÉCIT 

S’appuant sur une séquence de La Vie est belle (Frank Capra, 1946), Rob Legato a répété son credo : « Bien qu’il n’y ait ici aucun effet spécial, c’est une leçon pour les effets spéciaux car tout est narration, tout est dans l’émotion des personnages et tout coule dans un même mouvement. » Puis Legato a abordé son rôle de créateur en revenant sur Avatar (James Cameron, 2009) : « Je n’ai pas la possibilité de prévisualiser des plans en dessinant sur un papier : il faut que je voie à travers une caméra et j’ai inventé pour cela des caméras virtuelles que j’ai appliquées à un décor de motion capture. Même si l’ordinateur était primitif à l’époque, je voyais en direct le plan virtuel qui allait être composé. » Legato a ainsi convaincu James Cameron qu’Avatar pouvait être fait avec cette technologie qui permet avant tout de nourrir le récit. Des versions encore plus sophistiquées de l’outil ont été utilisées par Legato pour les remakes du Livre de la jungle (2016) et du Roi Lion (2019) signés Jon Favreau. Jusqu’au bout, l’invité de la Cinémathèque aura clamé son amour pour les narrations venues du cinéma classique hollywoodien et aura défendu l’idée que le cinéma du futur se doit d’avoir conscience de son histoire et de ne jamais oublier l’apport des œuvres passés. – DAMIEN LEBLANC 

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