Est-ce que dans la vie tu t’adresses vraiment aux choses comme dans la série ?
Oui, tout le temps. Je te rassure, on n’a pas des discussions, mais j’imagine ce que l’objet pourrait me dire.
Pourquoi t’es-tu lancée dans les réseaux ?
Je travaillais dans l’événementiel et j’ai découvert les stories sur Instagram. J’ai pensé que ce serait un moyen original de dévoiler le quotidien d’une jeune entrepreneuse.
Donc avant tu étais cheffe d’entreprise ?
Oui ! J’ai monté plusieurs affaires, un food truck, un studio photo. C’est pendant le confinement que j’ai réalisé que je voulais vraiment écrire, jouer et réaliser.
Est-ce que tu as fait des études ?
Pour rassurer mon père et surtout partir vivre à Paris, je suis allée à l’Institut catholique, ce qui me correspondait parfaitement (rires). J’ai eu un diplôme de langues mais, très vite, j’ai eu besoin de gagner de l’argent pour être indépendante. C’était très important. À l’époque, je découvrais mon homosexualité et je me disais : « Si mes parents me rejettent du jour au lendemain, au moins j’aurais un travail et je pourrais payer mon appart. »
Tu pensais que tes parents pouvaient te rejeter ?
Au fond de moi je savais qu’ils comprendraient, mais j’avais quand même des craintes. Ils ont finalement très bien réagi.
Comment as-tu fait le casting des objets de Marie et les choses ?
J’avais envie de faire participer mes abonnés pour les remercier alors je leur ai demandé de m’envoyer des photos de leurs objets. J’ai reçu énormément de candidatures.
Est-ce que tu as fait jouer tes propres objets ?
Oui, par exemple mes deux réveils, le Petit Réveil – que j’adore – et le Papy Réveil. Ils interviennent dans un épisode très émouvant : Papy Réveil ne sonnera pas, parce qu’il vient de mourir. C’est une scène hyper triste où je suis censée pleurer. Première prise, j’y suis arrivée sans problème, mais dès la deuxième j’ai commencé à me déconcentrer. Là, ma coréalisatrice, Julie Gali, a annoncé très sérieusement à l’équipe sur le plateau « C’est une scène de deuil, je vous demande beaucoup de respect et le silence » alors, évidement, j’ai pleuré, mais de rire ! Finalement la concentration est revenue et on a pu tourner la scène.
Tu es suivie par beaucoup de comptes féministes sur Instagram. Est-ce que ta série reflète tes engagements ?
Le fait d’humaniser les objets, ça permet de dire des choses sans être moralisatrice. À un moment, il y a une discussion entre des prises blanches et des prises noires. Elles disent : « Nous, notre fonction c’est de distribuer du courant, alors la couleur du plastique on s’en moque ! » C’est très enfantin mais ça fonctionne bien ! J’en profite aussi pour parler de thèmes encore tabous comme les règles, la discrimination, la ménopause, l’homosexualité… Dans la série, je n’ai pas « un » mais « une » petite amie, et ce n’est pas un sujet, c’est comme ça.
Papillon, c’est ton vrai nom ?
Oui ! Quand j’étais petite, mes copains pensaient que c’était mon prénom. Ils criaient dans la cour « Marie-Papilloooooonnnnn », comme si c’était un nom composé. Encore aujourd’hui, mes potes ont tendance à m’appeler comme ça. C’est un nom dont les gens se souviennent. Et même la police, quand elle m’arrête – ce qui n’arrive pas souvent, je ne te le cache pas –, Papillon, ça les rend indulgents. « Allez, passez Papillon ! »
Marie et les choses de Marie Papillon sur Téva, à partir de 12 ans
PROPOS RECUEILLIS PAR ADÈLE AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE
Photographie de couverture : Copyright : Rita Braz