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Marie-Ange Luciani, anatomie d'une production

  • Damien Leblanc
  • 2023-08-22

[PORTRAIT] Derrière la belle réussite artistique d’« Anatomie d’une chute » se trouve aussi la productrice Marie-Ange Luciani, en association avec David Thion. Rencontre avec cette quadragénaire enthousiaste et engagée qui affiche de grandes ambitions pour le film de Justine Triet – et pour le cinéma français.

Productrice depuis 2010, Marie-Ange Luciani a marqué les esprits avec 120 battements par minute, Grand Prix du jury 2017 à Cannes. Le soir des César 2018, alors que le drame de Robin Campillo venait d’être sacré meilleur film, la jeune femme prononça un discours puissant qui saluait la révolution MeToo, vue comme une promesse d’avenir.

Cinq ans plus tard, la voici productrice de la troisième Palme d’or de l’histoire décernée à une réalisatrice, Anatomie d’une chute.. « Juste après Sibyl, auquel je m’étais associée de manière financière, Justine Triet m’a proposé de produire son prochain film en codélégation avec David Thion. Elle hésitait entre deux projets : un film autour d’une journaliste enquêtant sur une communauté et un autre impliquant un chalet, une mère avec un enfant malvoyant, un chien et un procès. » C’est cette deuxième idée qui est mise en chantier. « Le film traite du couple et elle l’a écrit en couple, avec Arthur Harari. L'idée d’avoir un duo de producteurs en face correspondait bien à l’énergie du projet. Justine nous a dit très tôt que le film serait long, elle pensait même au départ à une série. On lui a donné carte blanche pour un film de cinéma au format singulier, et on a été très honnête sur ce point avec nos partenaires financiers. »

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Marie-Ange Luciani, aussi productrice du récent L’Île rouge, loue les qualités de Justine Triet. « Elle est très participative et démocrate. Elle aime prendre, écouter, discuter l’avis des autres, et à la fin bien sûr c’est elle qui tranche. Elle nous a demandé du temps de tournage pour s’offrir ça, un nombre de prises important, un travail intense avec ses comédiens. »

Après la Palme obtenue à Cannes et le discours prononcé par Justine Triet, la productrice valide tout : « David et moi avions lu en amont le discours. On est totalement en accord avec les propos de Justine, qui s’est préoccupée des générations futures en martelant qu’elle est l’enfant de l’exception culturelle et qu’elle aimerait qu’on donne la même chance aux cinéastes de demain. Tout cela est très cohérent : ce film est une affaire collective, et Justine n'est pas déconnectée du monde dans lequel elle vit, au contraire, ses films sont traversés, percutés par les grandes questions qui agitent notre société. »

Marie-Ange se projette jusqu’aux Oscars : « Anatomie d’une chute est un parfait candidat pour l’Oscar du meilleur film étranger. Le sujet, les thèmes sont éminemment contemporains : la redéfinition des rapports hommes/femmes, l’auscultation du fonctionnement du couple, la tribune contre le tribunal. Il y a aussi son bilinguisme qui aide, et surtout la belle vente américaine à Neon, distributeur de Parasite. » La suite est par ailleurs déjà en place pour l’enthousiaste productrice : entre Langue étrangère, film de Claire Burger en postproduction, le nouveau Léa Mysius (adapté du roman Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier et en coproduction avec Jean-Louis Livi) ou le prochain Robin Campillo en cours d’écriture, l’avenir s’annonce foisonnant.

Du 24 août au 7 septembre, plusieurs films de Justine Triet sont à découvrir gratuitement sur mk2 Curiosity, ainsi que sa sélection de films parmi le catalogue de la plateforme. C’est ici.

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