« Trouve moi le numéro de Cantet, d’Ozon et de Kechiche. Il me faut le numéro de mk2 et de Pathé aussi. » Au téléphone, un jeune comédien ambitieux s’adresse à quelqu’un, censé le brancher sur des bons plans pour la suite de sa carrière (qui s’annonce fantastique). Pour le moment, il est coincé sur le tournage amateur d’un petit film, intitulé L’Enfance de l’art. Le climat sur le plateau oscille entre hostilité, colère, fatigue et rires. Le cadreur en veut à la perchwoman, un comédien tendu et suant galère à jouer dans l’espace exigu d’une salle de bain qui empeste le parfum, le réalisateur tente de garder son calme…
Avec brio, Philippe Faucon dompte ce grand chaos pour en faire ressortir toute l’innocence, le côté enfantin. Le cinéaste, malicieux, s’amuse dans cet exercice méta à jouer sur la frontière entre fiction et réalité, jeu et double jeu : on ne sait jamais tout à fait si les comédiens jouent pour lui ou pour le réalisateur du (faux) film. Fruit d’un atelier organisé des jeunes acteurs en formation à la Maison de l’Image de Basse-Normandie, son film, léger et tendre, est une belle ode au jeu et au collectif.
Pour prolonger, découvrez cette semaine au cinéma Les Harkis, le dernier long métrage de Philippe Faucon.