Si les teen movies français des eighties à la façon du sucré La Boum ont la cote dans le cinéma hexagonal récent (Été 85 de François Ozon), Louloute d’Hubert Viel ne tire pas les mêmes fils nostalgiques. Certes, on y retrouve la même tendresse pour quelques fétiches (les publicités Cajoline, les coupes en brosse) et la même drôlerie des premières amours maladroites, des disputes entre frères et sœurs – des atmosphères dont le grain de la pellicule parvient à restituer la chaleur…
Mais il y a aussi de l’âpreté dans cette chronique de la vie rurale normande. Hubert Viel met Louloute adulte, prof de collège angoissée, face à ses souvenirs. Aux spectateurs de créer leurs propres liens entre le présent et ce passé réenvisagé par l’héroïne – où l’on se rend compte qu’entre ses parents ça n’allait pas, que son père agriculteur était soumis à des cadences folles… Dans ce versant introspectif remuant, le film se rapproche alors parfois du très beau Camille redouble (2012) de Noémie Lvovsky.
Louloute d’Hubert Viel, Tandem (1 h 28), sortie le 18 août