Le Crépuscule du monde porte sur un sujet à sa mesure : l’épopée de Hirō Onoda, ce soldat japonais chargé en 1944 de tenir une île des Philippines, et qui s’acquittera de sa mission jusqu’en… 1971, croyant que la guerre n’était pas finie. Il y avait bien des indices troublants, survols incohérents de l’île par l’ennemi, informations étranges captées sur une radio portable, mais Onoda s’est toujours convaincu qu’il s’agissait de ruses pour le détourner de sa tâche. Il a donc continué d’arpenter les forêts de Lubang avec ses comparses, effaçant ses traces et attaquant les villageois…
LIVRE ⸱ « Une chambre au soleil » de John Braine, revanche sociale
Son absurde et noble aventure, adaptée à l’écran l’an dernier par Arthur Harari (Onoda), avait tout pour plaire à l’auteur d’Aguirre. La colère de Dieu : une guerre intime et irréelle, quasi métaphysique, dans un décor de jungle impénétrable où le temps s’étire à l’infini, loin du reste du monde. Onoda, comme Don Quichotte ou l’homme de la caverne de Platon, se bat contre des fantômes, dans une sorte de fiction personnelle. Herzog condense son histoire dans un roman bref, dont le style oscille entre sécheresse et lyrisme. « La guerre de Onoda est composée à partir de l’union d’un néant imaginaire et d’un rêve, mais la guerre de Onoda, conçue à partir de rien, est un événement transcendant, un de ceux qui sont extorqués à l’éternité. »
de Werner Herzog, traduit de l’allemand par Josie Mély (Séguier, 144 p., 18 €)
Image (c) Lena Herzog