Distingué, séduisant, cet ex-pilote de l’US Air Service fait partie du gratin de Hollywood : il joue au golf avec Douglas Fairbanks, dîne avec les huiles de Paramount et épouse Fay Wray, rencontrée sur le plateau des Pilotes de la mort. Dans leur maison de Selma Avenue, ils reçoivent Charlie Chaplin, Georgia Hale ou William Hawks… Inspiré du voyage de Monk en Europe l’année précédente, Le Dernier Vol raconte les aventures de jeunes vétérans de l’armée de l’air américaine qui s’amusent, bavardent et picolent dans les palaces parisiens puis improvisent une virée en Espagne et au Portugal.
La ressemblance avec Le soleil se lève aussi d’Ernest Hemingway est si frappante que la critique parle de plagiat ; le livre est un échec, même si Saunders le fait adapter par William Dieterle. Traduit aujourd’hui par Philippe Garnier, qui l’assortit d’une préface passionnante, ce roman bâclé et pétillant a pris une patine, un charme anachronique et tapageur qui font oublier son côté superficiel. Avec ses coupes de champagne tristes et ses répliques désabusées, il condense l’humeur exubérante et fatiguée de la Lost Generation.
Le Dernier Vol (Single Lady) de John Monk Saunders, traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Garnier (Quai Voltaire, 320 p., 24 €)