En 1941, un citoyen japonais se rend en Mandchourie – que les autorités nippones occupent depuis 1931 – pour des affaires commerciales. Lorsqu’il revient, sa femme se désespère de le trouver si secret, alors qu’elle-même s’est rapprochée de son ami d’enfance, aujourd’hui à la tête de la police locale…
Sur un script de (réalisateur du remarqué Drive My Car), Kiyoshi Kurosawa sort (enfin ?) de sa zone de confort en délaissant son genre de prédilection, le thriller à tendance horrifique (Cure, Shokusai). Maniant toujours aussi efficacement les lois du suspense (les raisons de la transformation de cet homme nous sont longtemps inconnues), le réalisateur trouve une fibre romanesque inédite dans sa filmographie.
La filiation avec le chef-d’œuvre de Mizoguchi Les Amants crucifiés (1957) est fièrement revendiquée : comme dans ce dernier, un dilemme cornélien pousse une femme amoureuse à défier sa patrie, ici pour alerter sur des crimes atroces. Dans ce grand film d’espionnage à l’image léchée, l’inquiétude de l’épouse se dissipe peu à peu, et la duperie orchestrée par le cinéaste s’évapore dans un récit dense sur le sacrifice amoureux.
Les Amants sacrifiés de Kiyoshi Kurosawa, Art House (1 h 55), sortie le 8 décembre
Image (c) Art House