En 2015, l’immense Michel Piccoli, disparu le 12 mai dernier à l’âge de 94 ans, avait inspiré L’Extravagant monsieur Piccoli au documentariste Yves Jeuland. Arte propose de le (re)voir en ligne pour retracer la carrière de cet acteur de génie.
On connaissait Yves Jeuland comme documentariste politique, suivant à la trace les gouvernants et devenant presque leur ombre (Georges Frêche dans Le Président ou François Hollande dans Un temps de Président), retraçant la vie d’une grande rédaction au cœur de la campagne présidentielle de 2012 (Les Gens du Monde) ou s’attaquant à des sujets sociétaux (Bleu, blanc, rose et Maris à tout prix). Mais Arte propose de (re)découvrir le Yves Jeuland portraitiste des grands acteurs du cinéma français avec L’Extravagant monsieur Piccoli (2015).
Avec plus de 200 films inscrits à son CV, Michel Piccoli avait une carrière a en faire pâlir plus d’un. Il a été à la fois pape pour Nanni Moretti (Habemus Papam), lui-même chez Bertrand Blier (Les Acteurs), Louis XVI pour Ettore Scola (Les Nuits de Varennes) ou Don Juan pour la télévision (Don Juan ou le Festin de Pierre). A son tableau de chasse, on compte aussi Alfred Hitchcock, Louis Malle, Jacques Demy, Jean-Luc Godard, Alain Cavalier, Jean-Pierre Melville… Sauf qu’Yves Jeuland choisit de dépeindre Piccoli non pas par l’exhaustivité mais par le prisme des trois réalisateurs avec lesquels il a le plus tourné, trois cinéastes européens qui ont façonné l’acteur sur grand écran : Claude Sautet (Les choses de la vie, César et Rosalie, Max et les ferrailleurs…), Luis Bunuel (Belle de jour, Le journal d’une femme de chambre…) et Marco Ferreri (La Grande Bouffe, Dillinger est mort…).
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A travers des images d’archives, Yves Jeuland pose son regard tendre sur un pan entier du cinéma français et un acteur qu’il admire : « Piccoli est un nom pluriel. Que retenir de ses 70 ans de théâtre, de télévision et de cinéma ? De ses 200 long-métrages ? Il y a tellement de Piccoli. Nom pluriel, adjectif pluriel. Piccoli séducteur, manipulateur, trouble et ambigu, glacial et dangereux jouant les notables et les bourgeois. Mais il existe un autre Piccoli que les années 1970 vont révéler. Un Piccoli farceur et tapageur, cocasse et fantasque, extravagant et exubérant. Un homme qui n’est jamais là où on l’attend, qui a voulu surprendre et bousculer. Michel Piccoli est un drôle d’acteur, un acteur populaire qui n’a jamais cessé de servir le cinéma d’auteur. »
Pour voir le film, suivez ce lien.
Image : Michel Piccoli dans La Grande Bouffe de Marco Ferreri – Copyright Connaissance du Cinéma