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Le court-métrage du goûter : « Quelques heures en hiver » de Thomas Lilti
- Josephine Leroy
- 2020-03-27
En 1999, Thomas Lilti réalise à seulement 23 ans ce court-métrage romanesque, qui témoigne de la belle sensibilité qu’on retrouvera dans ses œuvres suivantes. Une histoire d’adultère et de sentiments déçus, dénuée de tout jugement facile.
Marié, deux enfants, Paul part à Blois rejoindre sa maîtresse Françoise, le temps d’un week-end. Jeanne, son épouse, l’aide à se préparer… Le cinéaste et scénariste Thomas Lilti a tourné ce joli court-métrage alors qu’il était encore étudiant en médecine. Un tout premier essai derrière la caméra à la fois fragile, modeste et très touchant.
A priori, on l’associe plus volontiers, lui qui exerce en parallèle à ses réalisations le métier de médecin généraliste, à ses fictions suivantes, qui gravitent toutes autour du monde de la médecine et dont il révèle les souffrances avec acharnement. Dans Première année, avec Vincent Lacoste et William Lebghil, il narre l’histoire de deux étudiants qui se lancent dans le bain des éreintants et très compétitifs concours de médecine, tandis que dans sa récente série Hippocrate, il nous immisce dans le quotidien physiquement et émotionnellement chargé d’internes en hôpital faisant face à une crise sanitaire.
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S’il n’est pas question de médecine dans ce court-métrage, on retrouve avec grand plaisir la sensibilité à fleur de peau du réalisateur, qui autopsie ici les espoirs et déceptions de trois personnages qui voient leurs idéaux (celui de la passion amoureuse comme celui de la parfaite petite famille) se fracasser contre la réalité. Plein d’empathie pour ce trio qu’il a soigneusement éloigné de tout stéréotype (la maîtresse mangeuse d’hommes, l’épouse naïve ou le mari en mal d’amour), le cinéaste évite le point de vue moralisateur sur cette affaire d’adultère, privilégiant la complexité des sentiments, forcément fluctuants. Grâce à une économie de dialogues, Lilti rend ce trait encore plus saillant, dans ce film où beaucoup de choses se jouent à travers de simples regards.
En attendant la saison 2 d’Hippocrate, dont le tournage a commencé en janvier dernier, on vous conseille fortement de vous laisser porter par ce film très romanesque mais jamais tire-larmes :