Le court-métrage du goûter : « L’Amour existe » de Maurice Pialat

Dans ce bouleversant court-métrage documentaire sorti en 1960, le cinéaste esquisse, à travers une balade dans la banlieue de Courbevoie, le portrait touchant de la France de son époque. Des passants, filmés en plongée, s’agitent dans une gare, avant de choper un train qui roule à toute allure vers les paysages tristes et figés de


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Dans ce bouleversant court-métrage documentaire sorti en 1960, le cinéaste esquisse, à travers une balade dans la banlieue de Courbevoie, le portrait touchant de la France de son époque.

Des passants, filmés en plongée, s’agitent dans une gare, avant de choper un train qui roule à toute allure vers les paysages tristes et figés de la banlieue de Courbevoie. Ce sont les toutes premières images de ce court documentaire en noir et blanc plein de colère, d’amertume et de poésie, réalisé par Maurice Pialat, alors âgé de 35 ans. Sillonnant les bords désolés du Canal de l’Ourcq – autrefois décors de folles guinguettes -, les maisons pavillonnaires sans charme ou encore les bidonvilles négligés par la société qui « existent à trois mètres des Champs-Élysées », Pialat nous introduit dans ce monde projeté de force dans les puissants courants de la modernité. Accompagné d’un texte magnifique prononcé en voix-off, son court-métrage porte un regard tendre sur ces habitants cloîtrés dans un profond ennui, tout en révélant les inégalités sociales qui sont au cœur de l’urbanisme et de l’architecture – le fait que le réalisateur ait abandonné quelques années plus tôt ses études d’architecture est à ce titre assez révélateur.

Ce sont ces fenêtres minuscules, construites dans des HLM où vivent des populations pauvres qui n’ont « plus rien à voir ». Ou bien ces troquets où se retrouvent chaque jour des petits vieux qui ont « payé pour ça, payé pour être vieux ». En voix-off, le narrateur scande : « Le seul âge où on vous fout la paix. Mais quel paix ! Le repos à 9000 francs par mois », faisant référence aux minces revenus perçus par les retraités, avec une fièvre et une empathie que l’on retrouvera plus tard dans les fictions naturalistes brutes de Pialat (L’Enfance nue, 1968 ; À nos amours, 1983 ; Loulou, 1980…). 

Le court-métrage est disponible ici, sur la plateforme Universciné.

On conseillera, en plus de ce court-métrage, la géniale série La Maison des bois, disponible ARTE, qui raconte l’arrivée de trois jeunes parisiens dans une campagne pendant la Première Guerre mondiale.