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« Le Comte de Monte-Cristo » : épique modernisation du mythe dumasien

  • Damien Leblanc
  • 2024-06-26

Signée Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, cette nouvelle adaptation du classique d'Alexandre Dumas offre une approche émotionnelle et un casting de jeunes talents, Pierre Niney en tête, qui dépoussièrent les aventures vengeresses d'Edmond Dantès.

Énième adaptation du mythique roman d’Alexandre Dumas publié dès 1844, le film de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière était attendu avec curiosité après la réception mitigée de l’adaptation en deux volets des Trois Mousquetaires (écrite par le même duo Delaporte/de La Patellière et réalisée par Martin Bourboulon) sortie l’an passé.

Et depuis sa présentation hors compétition au dernier Festival de Cannes, cette épopée de 2h58 a enfin pu révéler de manière éclatante son éloquent souffle narratif et son élégante direction artistique qui en font un impressionnant et touchant spectacle.

Pour raconter l’histoire d’Edmond Dantès, futur capitaine de navire arrêté le jour de son mariage suite à un cruel complot et envoyé injustement en prison, le duo de cinéastes filme d’emblée la Provence de 1815 avec une lumière et une vitalité qui rappellent de grands classiques cinématographiques comme Plein Soleil de René Clément ou Le Guépard de Luchino Visconti.

En retranscrivant avec vivacité le mélange des genres qui caractérisait le roman de Dumas (à la fois récit d’aventures, thriller politique, roman d’amour, conte philosophique et opéra tragi-comique), cette adaptation parvient ainsi à marier des sentiments multiples et peut s’appuyer sur un casting moderne pour donner harmonie et équilibre à cette labyrinthique histoire de vengeance.

Derrière la performance stupéfiante de Pierre Niney, qui porte sur ses épaules ce récit étalé sur deux décennies et joue aussi bien le tendre amoureux idéaliste que le détenu affamé au château d’If puis le richissime Comte de Monte-Cristo qui ourdit patiemment son plan vengeur, le film s’entoure en effet de jeunes talents comme Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon, Anamaria Vartolomei, Julien De Saint-Jean ou Vassili Schneider qui confèrent un aspect furieusement contemporain à une œuvre qui met ici au centre la thématique de l’innocence et décrit comment les enfants héritent des crimes de leurs pères. Complétée par un casting plus expérimenté (Laurent Lafitte, Patrick Mille ou Pierfrancesco Favino), cette adaptation déploie alors jusqu’au bout une ampleur émotionnelle et romanesque de premier plan.

De même, le soin apporté aux décors, qui composent un théâtre illustrant les fonctions de metteur en scène et de manipulateur pervers du Comte de Monte-Cristo, auquel s’ajoutent les déchirantes mélodies musicales, composées par Jérôme Rebotier, créent un cadre de choix pour faire frissonner des paradoxes de ce héros ultra-individualiste qui s’enfonce dans l’illusion et la noirceur au fur et à mesure que sa volonté de vengeance étouffe le monde autour de lui. Et c’est finalement au prix de péripéties habilement intégrées par le duo de cinéastes que cette convaincante adaptation dessine au bout du compte un espoir et une rédemption solaires.

Le Conte de Monte Cristo d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (2h58, Pathé), sortie le 26 juin

Image : © 2024 CHAPTER 2 – PATHE FILMS – M6 - Jérôme Prébois

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