LA SEXTAPE · Quand “Le Diable au corps” a enflammé les foules

Gare aux actrices qui osent s’aventurer dans les eaux troubles du sexe non simulé. Toutes ou presque ont été « excommuniées » de la famille du cinéma, leur carrière tachée d’opprobre pour l’éternité.


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Pourquoi jouer avec les limites de la catégorisation X exclut presque à coup sûr alors que des scènes parfois bien plus crues et dégradantes peuvent faire décoller une carrière ? De Maruschka Detmers (Le Diable au corps de Marco Bellocchio, 1986) à Ophélie Bau (Mektoub, my love. Intermezzo d’Abdellatif Kechiche, uniquement projeté au Festival de Cannes en 2019) en passant par Caroline Ducey (Romance de Catherine Breillat, 1999) ou encore Chloë Sevigny (The Brown Bunny, 2004), le sexe non simulé par une actrice entraîne invariablement des tollés, quelle que soit l’époque, même si l’actrice est réellement victime d’une agression sexuelle sur le plateau, comme l’a été Maria Schneider sur le tournage du Dernier Tango à Paris de (1972).

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Lorsque Maruschka Detmers fait Le Diable au corps, elle a déjà été la Carmen fatale de Jean-Luc Godard et la pirate de Jacques Doillon. Bellocchio décide d‘adapter le roman de Raymond Radiguet avec la volonté d’en explorer crûment les dimensions sexuelle et psychanalytique. Disons-le, le film est empli de scènes de sexe, mais c’est la séquence de quelques secondes dans laquelle Maruschka Detmers prend le sexe de son partenaire de jeu (et son partenaire de vie) dans la bouche qui fera scandale.

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Le Diable au corps de Marco Bellocchio

La séquence s’ouvre sur un balcon, la nuit. Elle le supplie : « Endors-moi, je t’en prie. » Il la porte au lit, l’allonge, elle rit puis se love sur ses cuisses tandis qu’il lui caresse les cheveux. « Alors, qu’est-ce que tu me racontes ? Je veux une belle histoire. » Il commence à lui raconter l’arrivée de Lénine à Saint-Pétersbourg en 1917. La complicité et la confiance entre eux irradient. Le plan se resserre sur elle, toujours allongée. Elle sort doucement son sexe du pantalon et commence ladite fellation. Plan sur lui. On revient à elle, qui suce son sexe avec passion dans un élan musical lyrique… C’est tout.

J’ai eu la surprise de découvrir une scène d’amour gentiment fucked up certes, mais bien une scène d’amour, tendre et délicate. Marco Bellocchio les avait laissés libres de le faire ou non. Si l’actrice a regretté d’être allée aussi loin, c’est uniquement en réaction au scandale qui a éclipsé le film. Dommage, car Le Diable au corps est un film passionnant mêlant politique et érotisme. Trente-sept ans après, rien ou presque n’a bougé, et la carrière de la fabuleuse Ophélie Bau a souffert à son tour du scandale cannois pour… un cunnilingus non simulé.

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Ophélie Bau dans Mektoub, My Love: intermezzo d’Abdellatif Kechiche

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