« J’aime savoir à qui je m’adresse au-delà de l’enveloppe physique », prévient Garance Kim, 27 ans, rire franc et regard comme un uppercut. Faire mentir les apparences, c’est un talent légué par sa mère, assistante sociale et cinéphile vorace, qui lui a fait découvrir la filmo de David Lynch à 5 ans. Ses deux premiers courts, qui explorent la possibilité de « ressentir ensemble, de trouver un langage commun », s’offrent comme des utopies affectives. Chacun y laisse affleurer, sous l’humour, un insatiable besoin de consolation. Dans son roman-photo, Bruits de souvenirs, présenté au festival Côté court de Pantin, Garance Kim traduit en images organiques les sensations sonores d’un jeune homme avant qu’il devienne aveugle ; dans Ville éternelle, coécrit avec son complice Martin Jauvat, se dessinent les retrouvailles miraculeuses de deux ex-camarades de lycée à un arrêt de bus.
5 films immanquables repérés au Festival Côté Court
Comme l’héroïne qu’elle campe dans ce road movie urbain, Garance Kim a la bougeotte. Cette randonneuse assidue (« Marcher, c’est découvrir des tranches de vie, s’ancrer. C’est une autre temporalité, où tu as le temps de penser ») est toujours en partance. Débarquée en licence de cinéma à Paris-I puis à Paris-VIII, elle enchaîne vite par des stages en tant qu’assistante réalisatrice. Aujourd’hui, elle sillonne le 93 grâce aux associations Côté court et Cinémas 93 pour présenter ses films dans des centres scolaires, la transmission chevillée au corps. Avant de tourner, à la rentrée, un court métrage coécrit avec Théo Costa-Marini, sur un couple qui rompt en plein week-end familial : « On veut questionner ce moment où l’on prend conscience que les parents ne sont pas que des parents, ont une vie intime. Et comment ce qu’ils t’ont inculqué façonne ta vie personnelle par des schémas. »
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS